Patriarche Youssef

Moyen-Orient Synode 2010

10 10 2010





Samedi 23 octobre dernier jour du Synode pour le Moyen-Orient
 

Au nom du Synode le l’Eglise grecque-melkite catholique Sa Béatitude Gregorios III offre au Saint-Père des ornements pontificaux melkites
Rome, le 23 Octobre 2010

 
Ce Samedi 23 octobre 2010 fut la dernière journée de l’Assemblée spéciale du Synode des évêques pour le Moyen-Orient – qui débuta le 10 octobre dernier - dont la matinée fut consacrée à la dernière lecture des 44 propositions qui furent soumises au vote avant la dernière lecture celle du message du synode.

Sa Béatitude Gregorios III, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jerusalem, a relevé que les propositions touchant aux problèmes fondamentaux comme la paix, les patriarches et l’exercice de leur juridiction, l’œcuménisme et la communion ecclésiale, ont réuni moins de vote que les propositions touchant à la pastorale, à l’islam ou encore au dialogue islamo-chrétien ou judéo-chrétien. Ce qui, selon Gregorios III, prouve que l’ecclésiologie a besoin d’être approfondi et qu’un véritable chantier nous attend dans l’avenir.

A ce sujet le patriarche Gregorios III a été heureux d’apprendre que le cardinal Levada, préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi, se prépare à inviter l’ensemble des patriarches et des évêques majeurs à une table ronde de travail pour discuter et approfondir les moyens de réaliser l’appel de Jean-Paul II aux Patriarches, lancé en 1998 : «  Aidez-moi à mieux exercer mon ministère pétrinien ! »

Sa Béatitude a remarqué que le cardinal Kurt Koch, successeur du Cardinal Kasper, à la présidence du Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des chrétiens, est prêt à laisser plus d’espace aux Eglises orientales dans ce dialogue.

Le repas de midi réunit autour du Saint-Père l’ensemble des participants en un moment de partage fraternel et spirituel avant la liturgie de dimanche à Saint Pierre. A cette occasion, et au nom du Saint-Synode de l’Eglise grecque-melkite catholique, le patriarche Gregorios III a offert à Benoit XVI des ornements pontificaux melkites.

L’Archevêque grec-melkite catholique de Sao-Paolo (Brésil), S.E. Mgr Fares Macaroun, avait, en effet, exprimé le souhait que le Saint-Père « soit plus oriental » en particulier au moment des grandes fêtes du calendrier catholique. Il a ainsi espéré que le pape célébrerait en ces occasions dans l’un ou l’autre des rites orientaux.

C’est pour, en quelque sorte, « faciliter » la réalisation de cette juste demande qu’au nom du Saint-Synode de l’Eglise grecque melkite catholique Gregorios III a offert a Benoit XVI un ornement pontifical taille dans un tissu de Damas et qui a été façonné par Sœur Photine religieuse du Monastère orthodoxe de la présentation de la Vierge Marie d’Achrafieh (Beyrouth-Liban).

 
 

A 19 h et selon une tradition bien établie, Sa Béatitude Gregorios III s’est rendu au Collège grec de Rome pour chanter les vêpres (5eme ton).

 

Le collège Saint Athanase, foyer de la culture grecque depuis le XVIIe siècle, a été confié par le pape Léon XIII en 1897 aux Bénédictins. Il est aujourd’hui un centre de formation pour les séminaristes des rites grec-melkite catholique, albanais, italo-albanais. Si le nombre des séminaristes grecs melkites catholiques est en nette diminution ces dernières années. Tel n’est pas le cas des prêtres étudiants dans les différents athénées de Rome puisqu’ils sont aujourd’hui vingt jeunes prêtres grecs-melkites catholiques à y poursuivre leur formation et leurs études supérieures.

Sa Béatitude Gregorios III a accordé un entretien à Thomas Wallut de France 2 qui sera diffusé le 7 novembre prochain à 9h 30 dans le cadre de l’émission Foi et traditions des Chrétiens orientaux.

 

 

Ouverture du bureau de Télélumière à Rome
 

Gregorios III : Etre le sel et le levain de la terre
pour être lumière
Rome, le 22 octobre 2010

 

L’Assemblée spéciale du Synode des évêques pour le Moyen-Orient et ce vendredi 22 octobre a été une journée de travail et de réflexion pour Sa Béatitude Gregorios III qui, outre des rencontres avec la presse, a tenu à honorer de sa présence le lancement des bureaux de Télélumière à Rome et leur joint-venture avec l’agence H2O.

 

L’assemblée était nombreuse pour saluer l’événement et nous pouvions reconnaitre aux côtés de Sa Béatitude Gregorios III, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem, le patriarche Younan des Syriaques catholiques ainsi qu’un très grand nombre de prélats, de religieux et religieuses. Pour l’Eglise grecque-melkite catholique L.L. E.E. Mgr Elias Rahal (Baalbek) ; Mgr Nicolas Sawaf (Lattaquieh) ; Mgr Issam Darwich (Australie) ; Mgr Ibrahim Ibrahim (Canada) ; Mgr Elias Chaccour (Galilée) ainsi que l’Ikonomos rafik Greiche (Le Caire).

Après les présentations de ce nouveau pôle d’information catholique qui offre dans un kaleidoscope de langue l’information vers et du Vatican ; Sa Béatitude Gregorios III a fait mémoire des martyrs du jour évoquant l’Eglise des Catacombes et la peur des premiers chrétiens. « Nous avions peur et combien avions-nous peur ! Nous avons été persécutés et nous avons vaincu ! Aujourd’hui nous sommes, d’une certaine manière, moins persécutés mais nous avons bien plus peur ! Nous devons être le sel de la terre… le levain de la pâte comme nous l’enseigne et nous le demande Notre-Seigneur Jésus Christ pour être la lumière… pour aller vers la lumière ! »

Et sa Béatitude d’insister « Nous devons avoir le courage de dire ce que nous sommes et de dire aux autres ce que nous sommes pour les attirer vers nous, vers la lumière de la foi. »

Salle comble et public choisi à 18h30 au Palazzo della Rovere où le patriarche Gregorios III honorait l’invitation de l’Accademia Angelica Costantiniana et l’Associazione Angelo-Comneno ONLUS qui organisaient autour de Sa Béatitude une table ronde autour du thème « Chrétiens du Moyen-Orient : protagonistes actifs du processus de paix ». Le second intervenant était S.E. L’ambassadeur Gabriele Checchia qui fut de 2006 à 2010 ambassadeur d’Italie au Liban. C’était là une occasion de plus pour sa Béatitude de développer les conditions nécessaires pour une paix courageuse au Moyen-Orient. A l’issue de la conférence Sa Béatitude répondait à l’invitation à diner de l’ambassadeur du Liban auprès du Saint-Siège, monsieur Georges Khoury.

 

S.B. a préside la messe célebrée par Mgr Gabriel Ghanoum à la caserne de la Garde Suisse au Vatican en présence de Mgr Abdo Arbach (Argentine) et Mgr Pierre Burcher (Iceland).

 
 
 

 Jérusalem: Capitale de la foi
 

Toute ma joie est en Toi, Jérusalem ! 
Réjouis-toi, Jérusalem
Sainte Mère de toutes les Eglises,
la Demeure de Dieu !
Car tu as reçu en première,
la rémission des péches,
par la Résurrection
St Jean Damascène VIIIe siècle
écrit à Saint Saba, Jérusalem
8ème ton de la Résurrection
Nombres de Psaumes louent Jérusalem, chantent la montée vers Jérusalem, demandent la Paix pour elle. Le Psaume 87 dit toute la grandeur de Jérusalem : Dieu l’aime ; Dieu l’a fondé ; Elle est toute gloire ; Tout homme est né à Jérusalem, - Mère, Maman ! - ; Heureux tous ceux qui habitent en Toi !

C’est la raison de la grandeur de Jérusalem !

Le Prophète Isaïe dialogue avec Jérusalem, avec des attribus et des accents ineffables… dans des chapitres entiers, qui font partie de l’hymnographie chrétienne. Ces Psaumes et ces prophètes, font la substance de l’amour passionné des Juifs pour Jérusalem !

Jésus a un très beau dialogue avec Jérusalem : « Jérusalem ! Jérusalem !  Toi qui tues les Prophètes, et lapides ceux qui sont envoyés à Toi ! Que des fois j’ai voulu réunir tous tes enfants, comme une poule réunit ses poussins sous ses ailes ! Mais vous n’avez  pas voulu ! »

C’est à partir de Jérusalem que Jésus demande à ses disciples, d’aller dans le monde entier, prêcher la Bonne nouvelle de l’Evangile !

Saint Paul parle pathétiquement de Jérusalem : Elle est libre ! Elle est céleste ! Elle est notre Mère à tous !

 

* Rencontre de Sant’Egidio, Barcelone 3-6 octobre 2010 « Living together in a time of crisis »
Et Saint Jean dans l’Apocalypse chante Jérusalem avec un délire prophétique : «  Moi Jean, j’ai vu la « Ville Sainte » la Jérusalem Nouvelle, descendre du Ciel, de la part de Dieu, préparée, parée comme une Epouse pour son Epoux ! Une voix du ciel, proclame : c’est la demeure de Dieu avec les hommes ! » (Saint Jean Apocalypse 21, 1-4)

Comment oublier que le premier Concile chrétien s’est tenu à Jérusalem et que Jean-Paul II a dit : « La Palestine est la Patrie de tout chrétien, car c’est la Patrie de Jésus et de Marie » (Redemptoris Mater)

Dans l’Islam, le Isra’a et Mi’raje (ou l’ascension du prophète Mahomet du rocher à Jérusalem, est un événement dans la tradition musulmane, qui veut montrer tout à la fois la grandeur de Jérusalem, sa Sainteté, son unique caractère et la grandeur de Mahomet… Tout prophète doit être lié à Jérusalem !

Dans l’Islam Jérusalem fut la première direction de la prière ! Un pèlerinage n’est complet que quand il se termine à Jérusalem ! Un des plus beaux contrats entre les musulmans et les chrétiens, entre le Kalife Omar et le Patriarche Sofronios, a été écrit à Jérusalem.

Les « Francs » qu’on appelle croisés, étaient mus principalement, par un grand amour pour Jérusalem et les lieux Saints (c’est là un détournement !)

Tout cela fut beau ! Tout cela montre que Jérusalem est la capitale de notre foi : Juifs, Chrétiens, Musulmans, Cananéen, Jébousite…

A partir de tout cela, et avec tout le respect aux différents points de vue politiques, sur Jérusalem - où j’ai vécu 26 ans, comme évêque vicaire patriarcal, 1974-2000 - avec tout le respect pour nos frères les Juifs que j’ai connus et avec j’ai toujours eu une amitié franche et sincère… J’ose dire ce que j’ai proclamé dans un papier de 1990 :

Jérusalem est pour nous tous la Capitale de notre foi ! Ta Capitale ! Ma Capitale ! Notre Capitale ! Leur Capitale ! Pourquoi veux-tu en faire la capitale politique, la capitale de la politique !

Je sais qu’en disant cela, je suis en dehors de toute les opinions, je suis comme on dit en arabe : un oiseau qui chante une mélodie, différente de toutes les mélodies de tous les oiseaux !

Pourtant j’ai osé le dire plusieurs fois ! Je le dis aujourd’hui ! Je le dirai demain ! Je suis un arabe chrétien ! Je suis en pleine solidarité avec mes frères palestiniens ! J’ai toujours affirmé avec les chefs chrétiens de Jérusalem, dans le document Kairos délivré depuis des mois par tous les chrétiens de Jérusalem et de la Terre Sainte... J’ai affirmé le droit des deux peuples Palestinien et Israélien, à la vie, à une patrie, à une nation, à la liberté, à la dignité. C’est à partir de tout cela, de la spiritualité Juive, chrétienne et musulmane…et malgré toutes les aspirations légitimes, des juifs, chrétiens et musulmans… Je le dis et je le répète : Jérusalem est la capitale de notre Foi.

Je vous prie, Israéliens, Palestiniens, arabes, américains, européens… n’en faites pas une capitale politique ! N’en faites pas une mairie ou vous en êtes le gouverneur, le maire…

N’usurpez pas les droits de Dieu sur cette cité, de sorte qu’elle soit soumise à toi, à vous, au lieu d’être Vous-mêmes, soumises à elle, à Dieu qui l’a fondé, afin qu’elle soit la ville de Dieu, et la cité de tous les enfants de Dieu, comme le Psaume 87 nous l’a rappelé !

Aucun peuple n’a de pouvoir sa Jérusalem, car elle est le Haram, le Sacré ! C’est ainsi qu’il faut comprendre tous les oracles des prophètes (si nombreux) au sujet de Jérusalem !

Il faut comprendre ce qui a été dit au sujet de Jérusalem, par les prophètes, selon la pensée, la vision prophétique sur Jérusalem. C’est à la fois la parole de Dieu et des prophètes au nom de Dieu ! Cette parole est fruit d’une inspiration divine, il ne faut pas la dégrader, la caricaturer, la dévaluer, la vider de son contenu, en l’interprétant par une décision politique ethnique.

La parole de Dieu doit rester Parole de Dieu, Parole sublime, pleine de Symboles, une Parole de Dieu, et qui mène à Dieu ! Elle ne peut pas être traduite, par une parole humaine !

Avec le conflit Israélo-palestinien, cette Parole de Dieu sur Jérusalem, a été politisée, manipulée… Elle a perdu sa beauté, son caractère sublime et même divin ! Dieu a parlé aux hommes et aux femmes, à Jérusalem, en Terre Sainte !

Cette parole de Dieu ne peut pas et ne doit pas être interprétée par des paroles humaines. Il faut lui conserver toute sa pureté, toute sa « divinité ». Dieu a fondé Jérusalem ! Dieu fit son histoire, son passé, son présent et fera son avenir !

Levez vos mains humaines de Jérusalem. Surtout vous les politiciens. Respectez le plan, l’économie de Dieu sur elle ! Elle n’est pas votre fief, votre domaine, votre propriété ! C’est elle qui vous possède et pas vous qui la possédez ! Vous êtes tous et toutes, sans préférence, sans orgueil, sans mérite, vous êtes tous ses fils !

Ne devisez pas Jérusalem, selon vos mesures, votre métrique et vos barèmes ! Servez-la ensemble !

Jérusalem n’est pas grande, si elle est réduite à une capitale politique égale aux capitales de ce monde - Paris – Londres - Madrid – Berlin…! Elle a été ; elle est et elle restera, la capitale de notre Foi à tous, juifs, chrétiens et musulmans.

Saint Grégoire le Théologien disait : « La Sainteté de la Terre Sainte, n’est pas un monopole de la Sainteté, mais un point de départ de Sainteté dans le monde et pour le monde »

La Bible ne cesse de parler de la Nouvelle Créature, de la Nouvelle Jérusalem, de la Nouvelle Terre !

Jérusalem terrestre est divisée et cause de division ! Jérusalem céleste, notre Mère à tous, est libre, fortifiée et unie !

Œuvrons tous ensembles, Juifs, Chrétiens et Musulmans, croyants du monde entier, orientaux européens, américains, œuvrons pour le salut de Jérusalem, pour la Sainteté de Jérusalem ! Pour de Haram de Jérusalem !

Que Jérusalem soit et reste la capitale de notre foi, de la foi ! La capitale de l’Esperance, de l’amour de Dieu pour les hommes et de l’amour entre les hommes !

Gregorios III
Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient
d’Alexandrie et de Jérusalem
Barcelone, 3 Octobre 2010

 

 


Conflit israélo-palestinien : La paix courageuse
 

Le conflit israélo-palestinien est le conflit axial du Proche-Orient qui nourrit toutes les rancœurs, toutes les révolutions et tous les extrémismes depuis plus de 60 ans ! C'est la crise-mère de toutes les crises régionales qui se nourrissent de ces révoltes et déceptions engendrées par des négociations de paix avortés quand ce n'est pas des pourparlers morts-nés.

Pourtant, si nous faisons seulement l'effort de nous dégager nous-mêmes de nos préjugés et que nous acceptions d'écouter l'autre et d'être en empathie totale avec ses vœux et ses points non négociables, nous découvrons très simplement qu'une marge de négociations et même qu'une marge de paix possible et viable trouvent leur place entre des positions bien tranchées et en principe non-négociables.

Les Palestiniens et les Israéliens ont le droit d'avoir et de vivre dans un Etat souverain aux frontières sûres. Et nul ne viendra contester aux uns ou aux autres ce droit inaliénable des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Les Israéliens ne peuvent trahir ni leur foi ni leur nationalisme. Selon la bible l'Etat d'Israël – le territoire national du royaume d'Israël - c'est toute la Palestine. Du point de vue de la foi la Palestine est la Terre Promise du peuple élu et la Patrie nationale du rêve nationaliste du judaïsme.

Dès lors nous comprenons qu'un Premier ministre, un député ou n'importe quel responsable israélien viennent à proposer une solution qui ne tienne pas compte de ces deux exigences – celle de la foi et celle du nationalisme - soit traité de traître à sa Foi et à sa Nation.

La décision de décréter « Israël Pays des Juifs » trouve son origine dans ce binôme qui est à la base de l'Etat d'Israël. Binôme qui, forcément, conduit à l'impasse toute tentative de négociations quand elles ne sont pas mortes-nées. C’est de plus, comme à Massada, un suicide juif.

Chacune des parties, Israéliens comme Palestiniens, est face au mur des certitudes dressés par l'autre. Seule l'intervention d'une tierce partie peut les sortir – et nous sortir - de cette impasse.

Cette intervention devra être celle d'une force « morale internationale ». Comme l'Onu a parrainé la création de l'Etat d'Israël en 1948, que la communauté internationale, les pays qui comptent, aient, aujourd'hui avant demain, le courage de forcer Israël à accepter la création de deux Etats viables au sein de frontières sûres, vivants côte à côte en bon voisinage.

Cette pression morale doit être considérée comme une aide au peuple juif. En effet forte d’une amitié sincère et non dénuée du respect de l’identité du peuple juif, cette pression consistera à convaincre la classe politique israélienne de renoncer à l'application stricte – à la lettre – des deux fondements d'Israël : le religieux et le nationalisme juif. Ainsi forcés par la communauté internationale, les responsables israéliens ne seront plus alors considérés comme traîtres à la partie mais « ayant succombé à la terrible pression internationale » y compris celle de leurs alliés les plus proches, les plus inconditionnels.

Cette pression n'a aucun lien – et ne doit surtout avoir aucun lien – avec les traités bilatéraux de coopération et d'aide au développement et les alliances qu’Israéliens ou Palestiniens ont avec tel ou tel autre pays. Au contraire cette pression, et en particulier l'acceptation de cette solution par les Israéliens, doit s'accompagner d'une coopération et d'un soutien internationaux multipliés pour les deux Etats. La paix véritable se nourrit de développement et de prospérité sans oublier que les populations doivent voir concrètement les effets bénéfiques de la paix sur leur quotidien pour y croire et commencer à regarder l'autre avec un autre regard. Ils entameront alors une autre relation celle de bon voisinage. Même si cela doit prendre du temps.

Quant à la question de Jérusalem elle devrait se poser autrement. Soyons réalistes. L'Israël d'aujourd'hui a déjà fait de Tel Aviv sa capitale économique et administrative et Ramallah est déjà le siège de l'Autorité palestinienne. Jérusalem est à tous. Jérusalem est la ville sainte et doit avoir un statut particulier pour que chacun puisse y venir et vivre sa foi. Nous nous sommes très longuement étendus sur la question du statut de Jérusalem lors de notre intervention aux Rencontres de San Egidio – Barcelone du 3 au 6 octobre 2010 [voir document en annexe]

Il faut donc que la communauté internationale, dans toutes ses institutions et par ses membres influents, soit cette autorité morale qui parraine ce projet de deux Etats vivant côte à côte et en paix. Aujourd'hui, comme en 1948, mais cette fois au service de la paix !

Gregorios III
 Patriarche

 

 

  

Dialogue islamo-chrétien
 

Dès les premiers temps de son pontificat, lors de sa première visite apostolique en Allemagne et sa rencontre avec de jeunes musulmans à Cologne, Sa Sainteté le Pape Benoît XVI a souligné l'importance du dialogue islamo-chrétien, dans la ligne de Vatican II.
L'expérience vécue par nos Eglises nous dit que ce dialogue est nécessaire et vital, et aussi qu'il est possible, contrairement à ce que disent certains.
Ce dialogue se situe à deux niveaux bien distincts. Il y a le niveau proprement dogmatique et intellectuel, que l'on trouve par exemple dans les rencontres périodiques entre le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux et l'Université Al-Azhar ou dans l'enseignement et les publications de l'Institut Pontifical pour les Etudes d'Arabe et d'Islamologie (PISAI) et d'autres centres d'études dans plusieurs de nos pays. Et le niveau existentiel, celui que vivent au jour le jour nos fidèles dans leurs sociétés majoritairement musulmanes.
Le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux connaît bien et encourage les centres, les groupes, les institutions et les initiatives d'inspiration chrétienne qui pratiquent et favorisent ce dialogue, au Liban, en Syrie, en Egypte, à Jérusalem, en Jordanie et en Irak.

Il est important de signaler, car ce fait est pratiquement inconnu en dehors du Moyen-Orient, qu'il y a aussi des initiatives de dialogue d'inspiration musulmane, principalement en Jordanie, mais aussi au Liban, en Syrie, au Qatar et en Turquie.
Le dialogue existentiel est celui de la vie sociale quotidienne, dans ses différents aspects et dans ses dimensions diverses: l'échange des vœux pour les grandes fêtes des deux religions, les rapports de voisinage dans les villes où désormais ont disparu les quartiers autrefois entièrement chrétiens, les relations dans le cadre de la profession, dans les écoles et les universités fréquentées par chrétiens et musulmans. Ce dialogue existe dans tous nos pays, sauf en Arabie Séoudite, le seul pays de la région où le christianisme est encore hors-la-loi.
La poursuite de ce dialogue est aussi un élément de grand poids pour freiner l'émigration des chrétiens. Si ceux-ci disparaissent de la région, qu'en serait-il de ce dialogue, important également pour empêcher un conflit entre un Orient en majorité musulman et un Occident réputé chrétien?

Cette Assemblée Synodale doit donc encourager explicitement la poursuite et le progrès de ce dialogue, à tous les niveaux.

Gregorios III
Patriarche de l’Eglise
Grecque Melkite Catholique

 

 

Ecclésiologie et Œcuménisme
 

Le Code des Canons des Eglises Orientales, promulgué par le Vénérable Jean Paul II, dit fort bien que le Patriarche est "Pater et Caput" de son Eglise. Le titre de Patriarche est un titre synodal, historique. Nous avons beaucoup regretté que le Pape renonce à son titre de Patriarche.

Cardinal et Patriarche
En conséquence, nous voulons avoir un rôle dans les décisions prises au sujet de nos fidèles. Nous voulons être plus proches du Pape, sans pour autant devoir faire partie du Collège des Cardinaux. Le titre de Patriarche est différent de celui de Cardinal, protocolairement, ecclésiologiquement, pastoralement et historiquement. Le Patriarche n'est ni supérieur ni inférieur au Cardinal: c'est une autre catégorie. Le titre de Cardinal, qui, pour des raisons très spéciales, a été conféré à mon vénéré prédécesseur le Patriarche Maximos IV, et plus récemment à certains de mes confrères Patriarches et Archevêques Majeurs ici présents, nous pose un problème ecclésiologique. Aussi préférons-nous nous contenter du grand héritage que comporte le titre de Patriarche.

Conseil Patriarcal autour du Pape
Comme corollaire de cela, nous répétons notre proposition déjà formulée auparavant, qui a une importance pastorale, œcuménique, ecclésiologique, et même politique: importance pour notre présence dans le monde arabe musulman, importance pour le double titre de cette Assemblée Synodale: "Communion et témoignage".
Cette proposition est la suivante: Nous tenons à demander fermement que nous formions un Conseil Patriarcal autour du Pape, Conseil qui devrait se réunir selon son propre agenda.
Nous espérons que cette proposition sera adoptée par cette Assemblée Synodale et acceptée par Sa Sainteté, comme fruit important et primordial de cette Assemblée Synodale et pour un bon suivi de ses actes et résultats.

Eglise Catholique Orientale
De la tribune de cette Assemblée Spéciale du Synode des Evêques, ayant comme titre "Eglise catholique au Moyen-Orient", nous demandons une clarification à notre sujet. Nous sommes une Eglise Catholique Orientale. Pourquoi cet attribut est-il supprimé?
Nous ne voulons en aucune manière que soit mis à l'ombre ce titre oriental, à cause de la présence minoritaire (sauf dans les Vicariats Apostoliques du Koweït et de l'Arabie Saoudite) de l'Eglise Latine en Orient.
Nous demandons à être traités en Eglises Patriarcales orientales. Nous ne sommes pas des suffragants, ni des diocèses "dépendant" de tel ou tel dicastère, comme on ne cesse de l'écrire dans certaines correspondances romaines.

Synode et conférence épiscopale
Nos Synodes sont bien différents des Conférences Episcopales latines. Il faut noter que le concept de Conférence Episcopale a été présenté au Concile Vatican II par notre prédécesseur d'heureuse mémoire le Patriarche Maximos IV.
Mais son idée était bien différente de ce qu'est aujourd'hui la Conférence Episcopale dans l'Eglise Latine. Il souhaitait que ce fût un embryon de système patriarcal.

Recul au plan ecclésiologique
Nous voulons être pris au sérieux quand nous disons que notre tradition, dans sa plénitude, est orientale et orthodoxe, non pas latine ni occidentale.
Dans la mesure où vous nous prendrez au sérieux comme Eglises authentiquement orientales, dans cette même mesure le monde orthodoxe croira à la véracité de l'activité et du dialogue œcuméniques de l'Eglise Romaine.
Malheureusement, les décrets de Vatican II "Unitatis  redintegratio" et "Orientalium Ecclesiarum" n'ont pas pris forme suffisamment dans la vie et dans la praxis ecclésiales de l'Eglise Latine ni dans celle de plusieurs dicastères romains, contrairement à ce qu'on espérait.
Le "Dies Orientalis" qui avait été institué par Pie XI a pratiquement disparu après Vatican II.
L'intérêt pour les Eglises Orientales en général (catholiques et orthodoxes) a diminué en Occident, soit sur le plan officiel, soit au plan des fidèles.
L'ecclésiologie était plus sensible à l'Orient avant le Concile et durant sa célébration; et elle n'a pas progressé après le Concile.

Election des Evêques dans la tradition orientale
Pendant plus de deux siècles, notre Eglise a élu ses Evêques dans le cadre de nos Synodes; depuis le Concile, nos élections doivent être sanctionnées par une enquête romaine.
Le regretté Métropolite Neophytos Edelby, dans son livre Les Eglises orientales (écrit en collaboration avec l'Archimandrite Ignace Dick), écrivait: "Le Synode melkite, présidé par le Patriarche, a toujours procédé librement à l'élection des Evêques, sans être tenu à aucune autorisation préalable ou confirmation du Saint-Siège".
De 1817 à 1954, l'élection de seulement 23 Evêques de notre Eglise a été confirmée par le Siège Apostolique de Rome, et cela à la demande expresse du Patriarche ou de l'intéressé.
Les canons 251-255 du "Motu proprio" Cleri Sanctitate, du Pape Pie XII (2 juin 1957), prescrivent que l'élection d'un Evêque par le Synode doit être communiquée par le Patriarche au Pontife romain, qui, si l'élu ne figure pas dans une liste de prêtres "épiscopables" précédemment établie (par vote) par le Synode et confirmée par le Pape, confirme ou refuse l'élection. De 1959 à 1962, six Hiérarques de l'Eglise Grecque-Melkite Catholique ont ainsi été confirmés par Rome après leur élection par le Synode.
Le Code des Canons des Eglises Orientales de 1990, sur la base des décisions de Vatican II, maintient la liste des "épiscopables" et remplace la "confirmation" des élections épiscopales par ce qui est appelé "assentiment" du Pape à l'élection.
Cette question a été l'objet de plusieurs réunions du Conseil des Patriarches Catholiques d'Orient, qui a présenté un document collectif au Saint Père sur ce sujet en octobre 2001, coïncidant presque entièrement avec le point de vue exposé le 21 janvier 2000 à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi par celui qui était alors Patriarche d'Antioche des Syriens, aujourd'hui émérite, Sa Béatitude Eminentissime le Cardinal Ignace Moussa Daoud.
Comme nous l'avons déjà fait lors de la réunion plénière de la Congrégation pour les Eglises Orientales en novembre 2002, nous proposons une légère modification du canon 182 du C.C.E.O., en vue d'une procédure plus collégiale pour le recueil des informations concernant les candidats à l'épiscopat, sans  perdre la mens du législateur. Cela veut dire que, le Pape et le Synode, exerceront ensemble leur droit et leur devoir de vigilance pour le choix des pasteurs de l'Eglise.

Communion entre Rome et les Eglises Orientales Catholiques : Confiance et coordination
Il s'agit de créer une atmosphère de pleine confiance, de vraies collaborations et coordination, de communion effective entre Rome et les Eglises orientales sui iuris. Les anciens termes de confirmation, consentement ou assentiment devraient être évités et remplacés par celui d'adhésion, en ce sens que le Pape adhère à la collégialité synodale et fait sienne la décision des Evêques avec leur Patriarche.
Reste cependant sauf le droit – ius vigilandi – du Pape de ne pas adhérer à une élection et de la refuser pour des raisons particulières qui devraient être communiquées confidentiellement au Patriarche et éventuellement au Synode.
Cependant, ce ius vigilandi de la part du Siège Apostolique de Rome, toujours exercé, dans la perspective de Vatican II, en harmonie avec les Eglise orientales sui iuris, qui jouissent elles aussi de ce ius vigilandi, ne devrait pas devenir la base d'une intervention régulière.
Orient et Occident, même au sein de l'Eglise catholique, doivent être en dialogue continu pour la réalisation de l'unité. L'élection des Evêques est l'une des questions importantes à ce sujet, car elle touche à l'autonomie de l'Orient, et encore plus pour le frère Orthodoxe avec qui nous aspirons à reprendre la communion.
Nous demandons à être traités comme de vrais orientaux, et même, plus clairement, comme Orthodoxes en communion avec Rome et donc Catholiques.

Nous sommes une église orientale en communion avec Rome
Nous sommes une église orientale, en communion avec Rome et à la fois très fidèle, et veut rester fidèle à la géniale et pure tradition orthodoxe. J’oserai dire que nous sommes une église orthodoxe avec le petit ou le grand « plus », de la communion avec Rome, avec le Pape et Notre Saint Père Benoît XVI qui préside dans la primauté et la charité. Traitez-nous comme une vraie église orientale comme vous pensez traiter les orthodoxes, le jour où l’union tellement désirée aura lieu !
Il ne s'agit pas ici de simple terminologie ou d'étymologie. Le grand théologien Joseph Ratzinger comprend certainement tout le bien-fondé de cet exposé.
Je ne cesse de me référer à ce que le Professeur Ratzinger écrivait dans un livre publié (en français) en 1971, Le nouveau peuple de Dieu: "Le droit ecclésial unitaire, la liturgie unitaire, un même modèle unique de nomination des Evêques par Rome, à partir du centre, ces choses ne font pas nécessairement partie de la Primauté en tant que telle, et se vérifient seulement quand les deux ministères (du Pape et du Patriarche) ne font plus qu'un. Aussi devrons-nous, à l'avenir, distinguer plus nettement la fonction proprement dite du Successeur de Pierre, de la fonction patriarcale".
Ces mots forment une base ecclésiologique très importante; qui n'a pas été bien exploitée par le Conseil Pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens, ni dans le dialogue et les travaux de la Commission Jointe pour le Dialogue entre l'Eglise Catholique et l’Eglise Orthodoxe.
Pour tout cela, nous demandons avec insistance qu'une place nous soit toujours donnée au sein de cette Commission Jointe.

Encourager le dialogue local : Orthodoxe-Catholique
En partant de cela, nous souhaitons aussi que l'on nous encourage plus à développer le dialogue local avec notre Eglise-sœur orthodoxe et la coopération avec elle dans les domaines de la pastorale, de la catéchèse, de l'activité des confréries, de l'engagement social, des questions relatives au statut personnel.
Il faut rappeler que, après notre initiative synodale de 1996 en vue du rétablissement de la communion avec l’église orthodoxe d’Antioche, tout en restant en communion avec l’église catholique, Rome, par l'intermédiaire des Cardinaux Joseph Ratzinger, Achille Silvestrini et Edward Idriss Cassidy (lettre du 11 juin 1997), n'opposa pas un "veto" à cette initiative, comme beaucoup l'ont cru et dit, mais nous demanda de consulter le Siège Apostolique pour toute décision ayant des implications dogmatiques.

Gregorios III
Patriarche de l’Eglise
Grecque Melkite Catholique

 

 

 

Grégoire III Laham : «Qu'on tienne un synode au Moyen-Orient !»

Recueilli par Olivier BONNEL et Frédéric MOUNIER, à Rome

http://www.la-croix.com/Gregoire-III-Laham--Qu-on-tienne-un-synode-au-Moyen-Orient-/article/2442406/4078

 

 

 

Synode de l’Eglise grecque-melkite catholique
 Rome, le 20 octobre 2010


Sa Béatitude Gregorios III, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem, a présidé ce 20 octobre 2010 le Saint-Synode de l’Eglise grecque-melkite catholique qui s’est tenu à la résidence patriarcal de Rome ; Santa-Maria in Cosmédin.

 

Ont pris part à ce Synode : L.L. E.E. Mgr Hilarion Cappuci (Vicaire Patriarcal à Jérusalem « ad extra ») ; Mgr Georges Kahhaleh (Venezuela) ; Farés Maakaroun (Brésil) ; Mgr Jean-Clément Jeanbart (Alep) ; Mgr Elias Rahhal (Baalbeck) ; Elie-Béchara Haddad (Saida et Deir El Kamar) ; Mgr Georges Baccouni (Tyr) ; Mgr Youssef Kellas (Beyrouth et Jbeil) ; Mgr Jules Zerei (Vicaire patriarcal à Jérusalem) ; Mgr Georges Bakar ( Vicaire patriarcal au Caire) ; Mgr Joseph Absy (Vicaire patriarcal à Damas) ; Mgr Issam Darwich (Australie et Nouvelle Zélande) ; Mgr Ibrahim Ibrahim (Canada) ; Mgr Abdo Aarbach (Argentine) ; Mgr Yasser Ayach (Jordanie) ; Mgr Georges Haddad (Marjeyoun) ; Mgr Cyril Bustros (Newton USA) ; Mgr Elias Chaccour (Haïfa et la Galilée) ; Mgr Michel Abrass (Auxiliaire patriarcal) ; Mgr Nicolas Saouaf (Lattaquieh) ; Mgr Isidore Battikha (Emérite Homs). Le secrétariat du synode a été assuré par S.E. Mgr Michel Abrass, secrétaire général du Saint Synode.

 

A l’ordre du jour de la réunion comprenait deux points : l’élection du futur métropolite de Homs, Hama et Yabroud d’une part et l’élection des 2 sièges devenus vacants au Synode permanant.

 

Les principales décisions ont été :

L’élection du métropolite de Homs, Hama et Yabroud

Son nom va être soumis à la Congrégation des Eglises orientales

Jusqu’à la confirmation de l’elction, le nom de l’elu devra rester secret.

Les sièges du Synode permanent laissés vacants à la suite de la démission de leurs titulaires ont été pourvus.

Les décisions de la réunion de juin 2010 du Saint Synode ont été passées en revue

L’ordre du jour et les points à travailler à la réunion du Saint-Synode de juin 2011 ont été évoqués et discutés. Le Saint-Synode se tiendra du 20 au 25 juin 2011

 

 

 

Gregorios III : Jérusalem capitale de la Foi

Ce mardi 19 octobre 2010 a été une journée particulière à l’Assemblée spéciale du Synode des évêques pour le Moyen-Orient. Roma Capitale organisait en collaboration avec le Synode des Evêques, Radio Vatican, le ministère italien des Affaires étrangères et le Centre International Communion et Libération, un congrès autour du thème : « Le témoignage chrétien au service de la paix. » Les principaux intervenants furent le maire de Rome, Gianni Alemanno ; le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini ; le Secrétaire générale du Synode des évêques, S.E. Mgr Nikola Eterovic ; le directeur de la Salle de presse du Vatican et de Radio Vatican le Père Frederico Lombardi ; le Président de la Fraternité Communion et Libération Don Julian Carron et le Custode de Terre Sainte, le Père Pier Battista Pazzaballa en présence des patriarches orientaux présent à l’Assemblée spéciale et de nombreux autres participants.
Le soir de ce même mardi l’ambassade d’Egypte auprès du Saint Siège donnait une réception en  l’honneur des Patriarches et évêques majeurs présents à Rome et à Saint-Louis des Français, Son Eminence le Cardinal Vingt-Trois accordait son haut patronage à l’annonce de la couverture du Moyen-Orient par KTO la chaîne catholique française.
Le Patriarche Gregorios III, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient d’Alexandrie et de Jérusalem, a pris une part effective aux débats rendant à Roma Capitale le salut de Damas Capitale, siège du patriarcat d’Antioche des Grecs-melkites catholiques. Sa Béatitude a entamé son intervention par les mots qui débutent la Sainte Liturgie : En paix prions le Seigneur ! Soulignant ainsi combien la paix est au cœur des préoccupations du Chrétien et combien elle est urgente : « La paix est la première des urgences pour sauver la jeunesse… pour sauver la convivialité islamo-chrétienne.»
Sa Béatitude répondait ainsi au propos du maire de Rome, Gianni Alemanno, qui disait son « espérance pour que les jeunes générations réussissent à trouver la voie juste pour une confrontation sans haine, dans le respect des identités et des appartenances ». Comme il avait tenu à souligner « l’importance du rôle joué par les chrétiens au Moyen-Orient pour résoudre les conflits, et créer un climat de paix. »
Trouver une solution au conflit du Proche-Orient est l’un des soucis premier du Patriarche Gregorios III qui y voit la source de toutes les crises du Moyen Orient. Sa Béatitude espère que les pays amis d’Israël réussiront à faire – « en toute amitié » - pression sur le gouvernement israélien pour qu’il accepte de faire les concessions nécessaires à une paix possible et à chacun sa capitale. Les Israéliens ont déjà Tel-Aviv comme capitale administrative et les Palestiniens Ramallah capitale de l’Autorité palestinienne. Quant à Jérusalem elle sera pour tous. Elle sera la capitale de la foi.

 

  

Gregorios III demande à Frattini,
dans le cadre des relations d’amitié italo-israéliennes,
de faire pression sur Israël
Rome, 18 Octobre 2010


Le début de la seconde semaine de l’Assemblée spéciale du Synode des évêques pour le Moyen-Orient a été marquée par la réception donnée par le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, en l’honneur des Patriarches et évêques majeurs participant aux travaux du synode.

Le ministre a frappé les Patriarches par son franc-parler et par son engagement chrétien en particulier pour la défense des symboles chrétiens en Europe et de la liberté religieuse. Comme il les a frappé aussi par sa lucidité dans sa description du long processus pour la signature entre l’Union européenne et la Syrie des accords d’Etat Tiers ou encore le cas de la demande d’adhésion de la Turquie qui, lui, sera un chemin bien plus long.

Le conflit israélo-palestinien a été au cœur des entretiens comme il est au cœur des crises du Moyen-Orient. Intervenant dans le débat, Sa Béatitude Gregorios III a demandé à Franco Frattini de « faire pression sur Israël dans le cadre de relations amicales entre les deux Etats ». Le Patriarche estimant à juste titre que seul des pays amis à Israël peuvent faire pression sur le gouvernement israélien pour obtenir l’effort nécessaire pour arriver aux concessions obligatoires sur le chemin d’une paix possible.

A l’issue de la fin des séances de travaux de ce lundi 18 octobre, Sa Béatitude était conviée par S.E. Mgr Gregor Hanke, évêque du diocèse allemand d’Eichstaett, à la résidence Paul VI au Vatican a rencontrer les autorités du Collegium Orientale d’Eichstaett : Paul Schmid et Alexandre Petrynko respectivement recteur et vice-recteur du Collegium Orientale. Le but de la rencontre est d’envisager les bases d’un partenariat possible entre le Grand séminaire patriarcal Sainte-Anne et le Collegium Orientale qui permettrait l’envoi de séminaristes en formation à Eichstaett.

 
 

  

Gregorios III : « Ce synode est le synode de la lumière »
Rome, 17/10/2010

Sa Béatitude Gregorios III, entouré d’un nombre important des évêques grecs-melkites catholiques présents à Rome pour le Synode pour le Moyen-Orient, a célébré la Divine liturgie en l’église grecque-melkite catholique de Rome ; Santa Maria in Cosmedin.

 

D.R. Œuvre d’Orient/Patriarcat Grec Melkite Catholique

L’occasion était belle en ce dimanche 17 octobre où nous célébrions les pères du Concile de Nicée, 7ème concile œcuménique, qui a condamné l’iconoclasme. C’est à la suite de cette crise qu’au VIIIe siècle le pape Hadrien 1er la confia aux Grecs fuyant les persécutions iconoclastes et réfugiés à Rome. L’église fut rendue au rite byzantin quand le pape Paul VI l’attribua en 1965 à Maximos IV et à tous ses successeurs comme « pied-à-terre » romain.
Dans son sermon le patriarche a salué ce synode et rendu grâce au Saint-Père de l’avoir convoqué. Pour Gregorios III c’est probablement là le plus grand des synodes avec Vatican II ; soulignant la grande liberté de parole et la possibilité qu’il a été donné à chacun de s’exprimer librement. Demandant l’intercession des Pères du 7ème concile pour que ce synode soit le synode de la lumière et que cette lumière illumine l’Orient et l’Occident.
On pouvait reconnaitre entourant Sa Béatitude L.L. E.E. Mgr Hilarion Cappuci (Vicaire Patriarcal à Jérusalem « ad extra ») ; Mgr Georges Kahhaleh (Venezuela) ; Fares Maakaroun (Brésil) ; Mgr Jean-Clément Jeanbart (Alep) ; Mgr Elias Rahhal (Baalbeck) ; Elie-Béchara Haddad (Saida) ; Mgr Georges Baccouni (Tyr) ; ainsi que Mgr Philippe Brizard directeur honoraire de l’Œuvre d’Orient à qui Sa Béatitude a rendu un hommage appuyé à l’occasion de la fin de son mandat. Parmi les nombreux prêtres et diacres on relevait la présence de l’archimandrite Nicolas Antiba, exarque patriarcal et curé de Saint-Julien-le-Pauvre (Paris), de l’archimandrite Jacques Aabed, curé de Taibeh (Terre Sainte) et bien évidement l’archimandrite Mtanios Haddad, recteur de Sancta Maria in Cosmedin et apocrisiaire patriarcal auprès du Saint-Siège et dont Sa Béatitude a salué le travail exemplaire dans la restauration des locaux paroissiaux. L’assemblée était nombreuse et priante. On pouvait y voir plusieurs religieux et religieuses de nombreuses congrégations comme les sœurs salvatoriennes ou encore les Petites Sœurs de Jésus.

Patriarcat Grec Melkite Catholique
d’Antioche et de tout l’Orient
d’Alexandrie et de Jérusalem

 

Communiqué de presse du 13 octobre 2010
 

 


La journée du 13 octobre 2010 a été marquée par la visite protocolaire que les 7 patriarches ou évêques majeurs, dont Sa Béatitude Gregorios III patriarche d’Antioche et de tout l’Orient d’Alexandrie et de Jérusalem, ont rendue au président de la République italienne, Monsieur Gregorio Napolitano. Dans son allocution il s’est plu a rappelé son voyage en Syrie et au Liban qui la marqué par le pluralisme confessionnelle de ses deux pays où les communautés religieuses chrétiennes et mahométanes vivent côte à côte.

C’était aussi le tour de parole de leurs excellences le métropolite de Tyr (Liban) et les archevêques de Lattaquié (Syrie) et de Sidon (Liban), leurs excellences Mgr Georges Bacouni, Mgr Nicolas Sawaf et Mgr Elie Haddad.

Monseigneur Bacouni a souligné le rôle crucial des mouvements charismatiques dans l’évangélisation des jeunes et leur formation voyant là un espoir de renouveau pour les Eglises orientales. Toute son intervention était placée sous le signe des disciples d’Emmaüs

Monseigneur Sawaf a mis l’accent sur la formation dans monde sécularisé en déclarant: «Nous vivons dans un monde sécularisé et globalisé, où le nombre des hommes qui n’ont aucun intérêt pour la question de Dieu ou qui agissent sans référence chrétienne est démesurée par rapport au nombre de ceux qui se reconnaissent chrétiens et croyants. Ceux auxquels s’adresse la catéchèse doivent s’établir dans une double relation: relation d’appartenance à une communauté fondée sur l’unité de foi et relation à une communauté fondée sur l’unité de l’acceptation du pluralisme et de la diversité…Nous manquons au Moyen-Orient d’une catéchèse qui tienne compte de notre culture arabe, de nos traditions chrétiennes et de nos richesses liturgiques »

L’intervention de Monseigneur Haddad a été un cri d’alarme au Synode pour que toute l’attention soit portée sur les ventes des terrains par une population chrétienne dans le besoin et l’urgence. Il a appelé à « Créer une stratégie unifiée, voire une solidarité de toutes les Eglises au niveau National (APECL ou autres) ainsi qu’au niveau International […] sous la vigilance du Saint Siège. ». Et il a ajouté qu’il serait souhaitable que les organismes d’aide aux Chrétiens d’Orient transforment leur assistance en « aide au développement » pour créer des emplois et maintenir les Chrétiens dans leur terre.

Nous constatons au fil de la revue de presse quotidienne que l’on peut retrouver sur le site internet du patriarcat www.pgc-lb.org que Sa Béatitude Gregorios III est régulièrement cité comme l’un des «  trois hommes clefs du Synode »  cf La Croix du 8 octobre 2010 ou encore parmi ceux qui ont la plus grande liberté de parole comme on peut le lire dans la dépêche de Zenit datée du 13 octobre  cf ZENIT.org.

 

 

 

Communiqué du 12 octobre 2010
Intervention de Sa Béatitude Gregorios III
Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient
d’Alexandrie et de Jérusalem

 

En ce deuxième jour du Synode sur le Moyen-Orient, Sa Béatitude Gregorios III, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem, a prononcé son intervention sur le thème de « La Paix, la convivialité et la présence chrétienne dans le Proche-Orient ».

Sa Béatitude a repris le thème centrale de sa lettre de Noël 2006 en insistant sur l’enjeu et les conséquences dramatiques de l’émigration des Chrétiens : « La société arabe deviendra une société d’une seule couleur, une société uniquement musulmane, et ainsi le Proche-Orient deviendrait la région d’une société arabe et musulmane face à une société européenne dite chrétienne. Si cela arrivait… voudrait dire que toute occasion serait propice pour un nouveau choc des cultures, des civilisations et même des religions. Un choc destructeur entre l’Orient arabe musulman et l’Occident chrétien. Un conflit de l’islam et du christianisme. »

 

 

TEXTE  INTEGRAL
 

Intervention de Sa Beatitude le Patriarche Gregorios III
durant l’Assemblée spéciale du Synode
des Evêques pour le Proche Orient
Rome 10 – 24 Octobre 2010

 

« La paix, la convivialité et la présence chrétienne dans le Proche-Orient »
La paix, la convivialité et la présence chrétienne dans le monde arabe sont liés d’une manière existentielle et ferme. La paix au Proche-Orient est la clef de tous les biens dont cette région.

Nous avons toujours insisté sur l’importance  de la présence chrétienne dans le monde arabe. Cette présence est, malheureusement menacée par les cycles de guerres, de crises et de calamités qui s’abattent sur cette région, berceau du christianisme…

Nous considérons que les crises, les guerres et les calamités du Proche-Orient sont des produits et des résultats du conflit israélo-palestinien. De même, les mouvements fondamentalistes, les discordes à l’intérieur des pays arabes, ainsi que la lenteur dans le développement et l’instauration de la prospérité, la naissance de la haine et de l’inimitié, la perte de l’espoir et la déception chez les jeunes (lesquels forment 60 pour cent de la population des pays arabes).

Parmi les suites les plus dangereuses de ce conflit, c’est l’émigration  des cerveaux, des penseurs, des jeunes, des musulmans modérés et surtout des chrétiens. Tout cela affaiblit le progrès et l’avenir de la liberté, de la démocratie et de l’ouverture du monde arabe.

L’émigration des chrétiens veut dire que la société arabe deviendra une société d’une seule couleur, une société uniquement musulmane, et ainsi le Proche-Orient deviendrait la région d’une société arabe et musulmane face à une société européenne dite chrétienne. Si cela arrivait, et que l’Orient soit vidé de ses chrétiens, cela voudrait dire que toute occasion serait propice pour un  nouveau choc des cultures, des civilisations et même des religions, un choc destructeur entre l’Orient arabe musulman et l’Occident chrétien, un conflit de l’islam et du christianisme.

Devant ce que nous voyons tous les jours dans les media : la croissance du fondamentalisme, la tension dans les relations humaines, tensions ethniques, religieuses et sociales, nous sentons qu’il y a la un grand manque de confiance entre l’Orient et l’Occident, entre les pays arabes à majorité musulmane et l’Occident européen et américain.

Le rôle des chrétiens est de s’atteler à créer l’atmosphère de confiance entre l’Occident d’un coté et le monde arabe et musulman de l’autre.

Pour cela, nous, chrétiens orientaux et arabes, nous nous adressons au monde européen et américain en général en ces termes : Ne travaillez pas à la division du monde arabe au moyen de pactes, mais plutôt aidez-le à réaliser son unité et sa solidarité. Nous vous disons franchement : si vous réussissez à diviser le monde arabe, à diviser les chrétiens et les musulmans entre eux, vous vivrez dans la peur et la crainte du monde arabe et musulman.

Appel à nos frères et concitoyens musulmans
Dans notre effort de convaincre les fidèles chrétiens de rester dans leurs patries, nous pensons qu’il est absolument nécessaire de nous adresser à nos frères musulmans pour leur dire avec franchise quelles sont les peurs qui nous hantent et quelles sont les réactions de crainte, chez nous, qui nous poussent à émigrer. Ce ne sont pas des raisons religieuses, mais plutôt sociales, ethniques, culturelles et sociologiques.

Ce sont les problèmes suivants : la convivialité, la citoyenneté. Cela s’applique notamment quand nous parlons de la séparation de la religion et de l’état, de l’arabité, de la démocratie, de la nation arabe ou la nation musulmane, des droits de l’homme et des lois qui proposent l’islam comme seule ou principale source des législations, dont l’application est source de division et de discrimination raciale entre les citoyens sur la base de la religion, et sont un obstacle à l’égalité de ces mêmes citoyens devant la loi. De même les extorsions, les exploitations de concitoyens au nom de la religion et en s’appuyant sur le fait d’être une majorité pour humilier des voisins et des compagnons de travail.

De tels faits, et bien d’autres semblables, et devraient être l’objet, de cercles d’études, de congrès, de conférences, de réunions dans le monde arabe musulman. Il faut que les musulmans et les chrétiens, ensemble, identifient la vraie raison de l’hémorragie de l’émigration des chrétiens.

Nous proposons que les pères du Synode lancent un appel urgent prophétique pour la Paix. Faire la paix, c’est le grand défi !

La paix est aujourd’hui le vrai défi, le grand jihad et le grand bien.  C’est la vraie victoire et la vraie garantie pour l’avenir de la liberté, du progrès, de la prospérité et de la sécurité pour nos jeunes générations, pour nos jeunes, chrétiens et musulmans, qui sont l’avenir de nos Patries, qui peuvent vraiment faire l’histoire de ces Patries et y porter la bannière de la foi et des valeurs.

 

Gregorios III
  Patriarche