Patriarche Youssef
Lettre de Noêl 2004
« Emmanuel : Dieu avec nous »
Mt. 1, 23
« Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils, et on lui donnera pour nom Emmanuel… » Isaie, 7, 14.
« Joseph, fils de David ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse, car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit-Saint. Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ». Mt., 1, 20-21.
« Emmanuel : Dieu avec nous » tel est le nom inspiré par Dieu dans la prophétie d’Isaïe. Et « Jésus : Sauveur » est celui que Lui donne l’Ange du Seigneur apparu en songe à Saint-Joseph.
Quant à Saint Jean l’apôtre, le disciple bien-aîmé, celui qui, posant sa tête sur Sa poitrine écoutant battre Son cœur, lui donne le nom qui dépasse tous les noms, les rassemblant tous en un seul ; « Dieu est Amour » 1ère Jn. 4, 8.
Trois noms
Trois noms pour Celui qui a dit « Je Suis Celui qui Suis », ce nom même que nous voyons inscrit en lettres grecques sur l’icône de Notre Seigneur Jésus Christ.
Il est Celui qui Est, le Créateur de toutes choses qui demeure en intime relation avec Sa création, avec le monde, la nature et toutes les créatures parce qu’Il les aime et qu’il ne déteste rien de ce qu’Il a créé.
Voici ce que signifient ces trois noms intimement liés. Dieu a créé toutes choses. Il a créé le monde par amour. Trois noms incarnés en la personne de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Récitons notre Credo comme nous le faisons chaque jour, ce Credo qui est le symbole de notre foi, sa base, le fondement de notre spiritualité et le sens même de notre vie.
Après avoir affirmé notre foi « en un Seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre… » nous déclarons « je crois en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique Dieu… Pour nous les hommes, et pour notre salut, est descendu des cieux ; Par l’Esprit-Saint, Il a pris chair de la Vierge Marie, et S’est fait homme… »
Dieu unique et éternel en relation continue avec Sa création. Et Notre Seigneur Jésus-Christ incarne cette relation à travers la Nativité, l’Incarnation, le Sacrifice et le Salut. Il est bien la plus haute expression de la relation de Dieu avec les hommes et le gage de Son amour.
Et voilà que l’Incarnation signifie la relation avec l’autre.
Dieu incarné prit le nom d’Emmanuel, Dieu avec. Et Dieu incarné prit le nom de Jésus, Sauveur.
Dieu incarné, est descendu sur terre et S’est mêlé aux hommes. Il S’est incarné dans un corps d’homme. Et a pris chair de leur chair, et sang de leur sang et Ses os de leurs os pour les sauver et les libérer du mal et du péché.
Et le troisième nom est venu, en un magnifique résumé, exprimer les deux autres. Dieu, Celui qui est, Emmanuel, Jésus le Sauveur, est Dieu ! est Amour !
Il est Dieu ami des hommes comme nous le répétons sans cesse dans nos prières liturgiques.
Economie du Salut
De ces trois noms, Emmanuel – Jésus – Amour, découle tout le sens des actions de Dieu, ce que nous appelons dans notre théologie orientale l‘économie du salut .
C’est ce que nous réalisons fort bien en feuilletant les saints Evangiles dont chacun des chapitres, comme toutes les paraboles, les miracles et les enseignements que nous y trouvons, est l’expression de ces trois noms Dieu avec ! Dieu Sauveur ! Dieu Amour !
Dieu est en relation continue avec Sa création. Notre Seigneur a dit : « Mon Père continue d’agir jusqu’à présent, et moi aussi j’agis sans cesse » Jn, 5, 17. Saint Paul explique aux Athéniens que Dieu est « le Seigneur du ciel et de la terre… qui donne à tous la vie, la respiration et toutes choses. Il a fait habiter tout le genre humain, qui est issu d’un seul sang, sur toute la surface de la terre,… il n’est pas loin de chacun de nous, car c’est en Lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être » Act. 17, 24-28. Et Saint Jean l’Apôtre nous dit « Dieu a tellement aimé les hommes, qu’il a donné Son Fils unique, afin que tout homme qui croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle ». Jn., 3, 16.
C’est là tout le sens de la fête de la Nativité que nous célébrons en cette quatrième année du troisième millénaire, rendant grâce à Dieu pour notre foi chrétienne si belle et merveilleuse. Une foi qui n’est pas un dogme intellectuel, abstrait… Mais une foi qui se résume en l’amour de Dieu pour les hommes.
Dieu est le Dieu créateur qui vient vers Sa création, Son monde, vers tous les hommes. Le Dieu créateur qui vient dans nos cœurs, nos consciences, nos familles et nos maisons, qui a dressé sa tente parmi nous, S’est incarné, « que nous avons vu de nos yeux,… avons contemplé et … que nos mains ont touché » 1ère Jn, 1, 1-3 et que nous avons écouté. Il est cet enfant nouveau-né et le Dieu d’avant tous les siècles.
Le Père Noël, ou, La Falsification de Noël
Qu’est ce qui nous prend de falsifier notre foi merveilleuse et de dresser à la place de l’Enfant Jésus un faussaire nommé « Père Noël » ?
Jésus S’est voulu Emmanuel. Il S’est voulu, avec nous, un enfant proche de nous, aimant, juste, « notre sauveur, notre rédempteur et bienfaiteur, qui nous bénit et nous sanctifie » (Prière de la Prothèse) Et nous ? Nous, nous lui interdisons nos maisons, nos chambres et nos salons, nos écoles, nos bureaux, nos salles paroissiales… Et Noël n’est plus la Nativité de Jésus, l’Enfant nouveau-né, Dieu d’avant tous les siècles mais l’arrivée du Père Noël ou encore Santa Claus ! Et encore si Santa Claus était resté Saint Nicolas, l’ami et le protecteur des enfants et des opprimés.
Je demande solennellement à tous nos fils grecs-melkites catholiques dans le monde et à nos frères les évêques et les prêtres, les moines et les religieux de chasser, pour ne plus jamais le revoir, le Père Noël de nos foyers et de nos églises et de fêter avec un éclat particulier la fête de la Nativité.
Nous vous offrons de remplacer le père Noël par l’icône de la Nativité qui décrit magnifiquement et dans ces moindres détails la nuit de Noël et qui doit être à l’honneur dans chacune de nos familles, de nos écoles et de nos salles paroissiales...
Remplacez-le par l’étoile de Noël, les anges portant une banderole rendant « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté »…
Remplacez-le par des versets des Evangiles et des prophètes parlant d’Emmanuel, de Jésus Sauveur et Dieu Amour, amour de cet Enfant Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ , qui décoreront l’arbre de Noël.
Remplacez-le par les chants liturgiques, si riches d’enseignements… Qu’ils emplissent nos maisons, et que petits et grands les apprennent, les reprenant en chœur avec joie et enthousiasme, foi et gratitude.
Remplacez-le, enfin, par la crèche de Noël avec tous ceux qui étaient là cette nuit de la Nativité de Notre Seigneur : la Vierge Marie, Mère de Dieu, Saint-Joseph, les anges, les bergers, les rois mages…
Oui ! nous devons marquer la fête de la Nativité d’une façon particulière, c’est Dieu, c’est Jésus Sauveur, c’est l’Enfant nouveau-né, vraiment Emmanuel avec nous, dans nos maisons qui comble nos foyers et nos cœurs de joie, de bonheur et de grâces… par Son Amour, Il nous appelle à aimer les autres et à les respecter en particulier les enfants.
Oui ! la Nativité doit être la fête mondiale des enfants. Que Noël soit la prise de conscience pour la protection, l’éducation et la sauvegarde des enfants, de leurs droits. Pour qu’il ne soient plus exploités et agressés, victimes innocentes des guerres, de la famine, du terrorisme… Notre Seigneur a dit : « laissez les petits enfants venir à moi, et ne les empêchez pas ; car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent » Lc., 18, 16
La joie de la fête
Ces symboles nous aident à créer un esprit conforme à la spiritualité de la Nativité, fête de l’amour, de la réconciliation, de la paix, de la joie et de la fraternité dans le monde. Et nous devons instaurer cet esprit pour qu’il prenne la place de ces images de violence, de terrorisme, de haine, de mort, de destruction et de sang… que véhiculent jusqu’au cœur de nos foyers les médias.
Oeuvrons pour retrouver l’esprit et la joie si particulière de la fête de Noël pour que chacune de nos maisons soit véritablement la maison de Jésus Sauveur, d’Emmanuel, Dieu avec, charitable et ami des hommes qui nous appel tous à la solidarité, à la fraternité, à la coopération et au dialogue.
Emmanuel, fondement de la théologie chrétienne
Emmanuel est véritablement le fondement de notre foi chrétienne, comme de la théologie et de l’exégèse chrétiennes : « Dieu S’est fait homme, pour que l’homme devienne Dieu ».
Dieu s’est fait homme comme les hommes, le péché en moins, un enfant nouveau-né, pour que l’homme soit une création nouvelle pour une nouvelle alliance.
Le nom du Christ incarné, Emmanuel, est le fondement de la relation de Dieu avec l’humanité tout entière avec le cosmos et la nature…
Nativité et Mondialisation
A l’heure de la mondialisation et de la globalisation, qui touche tout un chacun jusque dans sa vie quotidienne, cette relation de Dieu avec nous, nous interpelle d’une façon toute particulière. Car c’est là la véritable mondialisation.
Dieu en S’incarnant a établi Sa relation avec tous les hommes sans distinction de races ou de couleurs, leur enseignant à prier ensemble Notre Père… les établissant frères et sœurs, solidaires au sein d’une même famille ayant le même père. C’est là la mondialisation de la fraternité et non celle de la domination du plus fort.
L’humanité à l’école de Jésus Emmanuel
C’est pour cela que la Nativité est un appel à tous pour se mettre à l’école de l’Emmanuel : Dieu avec l’humanité. Pour que l’humanité soit avec Dieu et que tous soient solidaires les uns des autres. Aimant et compréhensifs, unis et s’entraidant. Se retrouvant dans la charité, la justice, le droit et la paix, les bonnes mœurs et la haute moralité, la considération et le respect mutuels, la générosité et la tolérance pour la construction d’un monde meilleur. Notre Seigneur Jésus-Christ le dit Lui-même : « Je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance » Jn. 10, 10.
Dans nos prières liturgiques le nom de l’Emmanuel revient plusieurs fois et d’abord dans la salutation : « La paix soit avec vous… » « Le Seigneur est avec vous…. » « … et avec votre esprit ».
Et le prêtre nous dit « Aimons-nous les uns les autres afin que dans un même esprit nous confessions » et au baiser de paix « Le Christ est parmi nous, ou avec nous… » et nous répondons « Il l’est et Il le sera ! »
Et comment oublier la salutation populaire « Que Dieu soit avec vous » qui est une autre façon de dire « Emmanuel est avec vous ».
Dieu est avec nous tous et c’est là notre consolation et c’est là ce qui nous unit.
Dieu est avec toi !.. Dieu est avec nous !.. Dieu est avec moi !.. Dieu est avec lui !.. Dieu est avec eux !..
Le Centre de rencontres
Nous avons fondé en 2004 un centre de rencontre avec une branche en Syrie, une autre au Liban et bientôt une troisième en Egypte. Son sigle est deux mains qui se serrent malgré les obstacles et les murs qui se dressent devant elles.
Nous avons inauguré en juin dernier le centre de Rencontre du Liban en y organisant un colloque autour du thème « L’Eglise des Arabes ».
Méditons les trois noms de Jésus qui sont au cœur de notre lettre de Noël, Dieu avec ! Dieu Sauveur ! Dieu Amour !..
Reprenons la constitution pastorale de Vatican II « Gaudium et Spes », L’Eglise dans le monde de ce temps, et en particulier ses premières lignes : Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, … sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ…
Et Saint Paul de nous dire : « Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres s’en réjouissent avec lui » 1ère Cor. 12, 26.
Une Eglise avec…
L’expression « Eglise des Arabes » signifie, en résumé, que l’Eglise de Notre Seigneur Jésus-Christ qui a vécu et qui vit dans un environnement arabe est en relation étroite avec ce même monde arabe, partageant ses peines et ses espoirs, ses conflits et ses joies… Elle est l’Eglise de l’Emmanuel et nous voulons dire par là qu’elle est l’Eglise avec… et l’Eglise pour… les Arabes.
Mais ce monde arabe au cœur duquel notre Eglise est enraciné, est majoritairement musulman. Les Chrétiens y sont environ 15 millions pour une population globale de 260 millions d’individus. C‘est ainsi que notre Eglise qui est l’Eglise avec… et l’Eglise pour… les Arabes est aussi l’Eglise avec… et l’Eglise pour… l’Islam.
Une Eglise à l’école de son Seigneur Jésus-Christ, l’Emmanuel, le Sauveur… Dieu d’Amour qui nous a lui-même expliqué Sa mission « Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner Sa vie pour la rançon d’un grand nombre » Marc, 10, 45. Ou encore comme nous l’avons vu plus haut : « Je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance » Jn. 10, 10.
Notre Seigneur, s’adressant à chacun de nous, dit « Vous êtes la lumière du monde… Qu’ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » Mat. 5, 14-16.
Et c’est là notre mission. Etre chacun de nous Emmanuel… un homme avec… un homme pour…
Le Chrétien se doit de se dépasser pour être véritablement Catholique autrement dit Universel. Et dire l’Eglise des Arabes ou encore l’Eglise de l’Islam n’est ni un slogan ni une particularité mais un élément culturel au sein même de notre catholicité, de notre universalité… Notre Eglise est l’Eglise de tout homme en tout lieu et de tout temps.
Une Eglise, Une, sainte, catholique et universelle…, qui, dans son universalité, dans sa catholicité, n’oublie pas ses particularismes. Comme lorsqu’elle se place au niveau de ses particularismes, elle n’oublie ni son universalité ni sa catholicité.
L’Eglise avec les Arabes…. L’Eglise avec l’Islam… sont dans notre réflexion synonyme de la civilisation de l’amour, du dialogue, de la compréhension, et de la coopération… c’est là même que réside le sens profond de notre vocation et l’essence même de notre message, nous, les Grecs Melkites Catholiques dans ce monde arabe et islamique au sein duquel nous sommes appelés à vivre. Et c’est là, la condition essentielle et vitale pour mettre fin à l’immigration des Chrétiens d’Orient.
L’Eglise de l’Emmanuel… L’Eglise avec… L’Eglise pour… signifie le rôle de l’Eglise et de chaque chrétien, chacun à sa place, aux côtés de leurs frères, pour œuvrer ensemble, en particulier dans les pays arabes, pour qu’enfin les droits de tous en matière de libertés fondamentales, de libertés religieuses, de libertés de conscience et de croyance soient enfin respectées.
Pauvreté et Développement
Solidarité Melkite
Notre lettre de ce Noël « Emmanuel Dieu avec nous » fait suite à celle de l’an dernier « Pauvreté et Développement » dont elle est le prolongement. Comme l’an dernier nous appelons nos fils et nos filles au sein de notre Eglise grecque-melkite catholique à la solidarité, au pardon, à la coopération ; considérant que chacun de nous au sein de l’Eglise a une responsabilité et une mission qui sont communes, un engagement et un avenir qui sont communs.
Nous sommes l’Eglise de l’Emmanuel… Je ne suis pas seul dans l’Eglise… Je suis au sein d’une communauté, avec une communauté et pour une communauté. C’est dans cet esprit que nous avons institué « Solidarité Melkite » dont la constitution a été approuvée en juin 2004 par notre Saint Synode.
L’Eglise des grands horizons
Soyons l’Eglise de l’Emmanuel au cœur de nos sociétés, dans les pays arabes comme dans la diaspora.
Soyons et demeurons « l’Eglise sans frontières »… « l’Eglise des Horizons »… Elle est l’Eglise de l’Emmanuel.
Comprendre le sens véritable du nom de Jésus-Emmanuel, de l’Eglise-Servante comme celui de l’Eglise des Arabes et le sens de l’Eglise de l’Islam est un enjeu vital d’une grande gravité.
Si le Chrétien d’Orient, le Chrétien arabe, le syrien, l’égyptien, le libanais, le jordanien, le soudanais… ne comprennent pas le sens du mot chrétien… qu’ils sont les héritiers de ceux-là même que l’on appela, à Antioche, pour la première fois Chrétiens (Actes 11, 26)… et ne saisissent pas le rôle et la mission qui en découlent et que ce rôle et cette mission ne leur appartiennent pas… C’est qu’ils ont perdu l’essentiel du sens de leur christianisme, de leur baptême, de leur chrismation… de leur appartenance à l’Eglise.
Ils seront alors le jouet des vents et candidats à l’immigration…
Et cette terre qui est chrétienne depuis les origines… Chrétienne par ses racines… Chrétienne par son histoire ne sera plus qu’un vaste musée, qu’un champ de ruines… que l’on fera visiter.
Là, a vécu le Christ… Là, ont vécu des Chrétiens… et puis là aussi… c’était hier.
Aujourd’hui ils ne sont plus… ils sont dispersés… immigrés. Ils ne sont plus que des ruines alors qu’ils ont été la source. Et le monde arabe dont ils sont une partie indivisible les a perdu. Il a perdu des frères qui ont fait avec lui son histoire, sa civilisation, son art et ses lettres, sa philosophie et ses sciences.
Lettre patriarcale & Actes des Synodes
Cette lettre de Noël est une lettre pastorale. L’écrire fait partie de notre charge patriarcale que nous souhaitons remplir pleinement. Elle s’adresse à toute notre Eglise et doit y être diffusée (Canon 84 du Code des Canons des Eglises Orientales). Nous demandons à nos frères les évêques, à nos fils les prêtres et les religieux comme les laïcs responsables au sein des paroisses et des associations qu’ils reçoivent cette lettre avec joie parce qu’elle émane d’un cœur aimant. Celui d’un pasteur qui veille sur ses brebis dont il a la charge par la grâce du Pasteur suprême et de celles des évêques ses frères.
Nous souhaitons que cette même règle s’applique aussi aux actes et décrets des Saints Synodes.
L’Eucharistie, Dieu avec nous
Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II a souhaité que cette année (octobre 2004-octobre 2005) soit l’année de l’Eucharistie. En préparation, Jean-Paul II publia le 17 avril dernier, une superbe encyclique « Ecclesia de Eucharistia … (L 'Église vit de l'Eucharistie) » et , en octobre 2004, s’est tenu au Mexique à Guadalajara, le 48e Congrès eucharistique autour du thème « L’Eucharistie, lumière et vie du nouveau millénaire » et enfin en novembre 2005 se tiendra à Rome le synode des évêques catholiques qui aura pour thème « L’Eucharistie source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise ».
« Mane nobiscum Domine… (Reste avec nous Seigneur) » Luc, 24, 29. Cette invitation des disciples d’Emmaüs est le titre qu’a choisi le Saint-Père pour son encyclique sur l’Eucharistie.
Avant son Ascension Notre Seigneur nous l’avais dit « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles» Mt. 28, 20.
Aujourd’hui c’est nous qui disons à Notre-Seigneur Mane nobiscum Domine… Reste avec nous Seigneur…. Soit Emmanuel avec nous… Et Noël est là pour nous le rappeler et l’Eucharistie est la Présence Réelle d’Emmanuel Dieu avec nous.
Emmanuel est le Christ au cœur de l’histoire, de notre histoire personnelle comme de l’histoire de l’humanité toute entière. C’est Paul VI qui, dans Gaudium et spes, la constitution pastorale de Vatican II sur l'Église dans le monde de ce temps, affirmait que le Christ «est la fin de l'histoire humaine, le point vers lequel convergent les désirs de l'histoire et de la civilisation, le centre du genre humain, la joie de tous les cœurs et la plénitude de leurs aspirations».
Les disciples et les apôtres de Jésus ont vécu ceci au quotidien puisque Jésus-Emmanuel était tous les jours avec eux, parcourant la Palestine avec eux, vivant leur vie les enseignants.
Mais les deux disciples d’Emmaüs ont aussi vécu ceci lorsque après avoir cheminé avec Jésus qui les enseignait ils L’invitèrent à rester chez eux : « Reste avec nous, car il se fait tard, et déjà le jour baisse » Luc, 24,29. Il entra chez eux et « s’étant mis à table avec eux, il prit le pain et, après avoir rendu grâce, il le rompît, et le leur donna… alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent ; mais il disparut de devant leurs yeux ».
Il disparut à leurs yeux pour rester au cœur de leur vie… Il disparut… mais reste avec nous et toute l’humanité, avec l’Eglise dans le Mystère de l’Eucharistie le Mystère des Saints Dons.
Comme il est doux ce lien entre la fête de la Nativité et le Mystère de l’Eucharistie. Ce lien que nous retrouvons dans l’office de la Fête-Dieu, cette fête qui est, dans le rite byzantin, propre à l’Eglise Melkite. Elle y a été introduite sous le règne du patriarche Maximos II Hakim en 1738 :
Mystère des Mystères
Voir son Dieu incarné
Mystère plus grand encore
Voir son Dieu crucifié
Plus grands des Mystères
Sa Présence sous les Saintes Espèces
Oui vraiment, Ô Christ notre Dieu, Tu as fait ce Mystère en mémoire de tous Tes Mystères
Tu es vraiment le Dieu bon et miséricordieux
Jour de jeune et de prières
Avant de conclure et de dire à chacun de vous mes frères bien-aimés les évêques membres de notre Saint Synode, à vous tous les prêtres et les religieux et tous les fidèles de nos diocèses et de nos paroisses mes vœux les plus chaleureux en cette fête de la nativité, je renvois chacun de vous à la lettre que nous avons signé avec mes frères les Patriarches catholiques d’Orient « Les Relations de nos Eglises avec le Siège apostolique romain » (août 2004). Souhaitant qu’elle soit une source de réflexion, d’enrichissement spirituel et de renouvellement ecclésial.
Nos regards se tournent vers nos frères qui souffrent dans le monde arabe, en Palestine, en Irak, au Soudan. En solidarité avec leurs souffrances nous proposons que le mercredi 22 décembre soit un jour de jeun et de prière pour la paix .
Nous nous adressons à notre communauté en Irak, nous unissant aux souffrances de chacun de ses membres, prêtres et laïcs. Bénissant leur courage : au lendemain de l’explosion qui détruisit leur église, ils célébraient au milieu des décombres un baptême. Nous prions pour eux, pour la paix et la sécurité dans leur cher pays.
Nous demandons au Divin Sauveur, Jésus l’enfant nouveau-né de la crèche, le Dieu de paix, qu’Il soit Emmanuel avec ceux qui souffrent dans le monde et en particulier dans ces trois pays.
Et avec les anges nous disons ce chant d’espoir et d’intercession ; Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.
Grégorios III
Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem