Patriarche Youssef

Lettre de Pâques 2013

22 3 2013

 
 
 
 
 

Lettre de Sa Béatitude Gregorios III,
 Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, d'Alexandrie et de Jérusalem,
pour la fête de Pâques 2013
(31 mars 2013)
 
 
L'Evangile est l'Annonce de la Résurrection

 
 
 
Annoncez l'Evangile
 
       Le Christ ressuscité d'entre les morts appelle ses disciples, après la Résurrection, à annoncer l'Evangile au monde entier: "Allez dans le monde entier, proclamez l'Evangile à toute la création" (Marc 16, 15).
       Le christianisme commence, après la Résurrection, par l' Annonce, c'est-à-dire l'Evangile, c'est-à-dire le Christ. Car c'est Lui l'Annonce, et son objet, qui est l'Evangile.      
       De même, le christianisme commence le jour de la naissance de Jésus-Christ, aussi par l'Annonce, c'est-à-dire l'Evangile. C'est le sens de l'annonce faite par l'Ange qui s'adresse aux bergers la nuit de Noël: "Je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple: aujourd'hui, dans la cité de David, un Sauveur vous est né, qui est le Christ Seigneur" (Luc 2, 10-12).
       Noël commence par l'Evangile-Christ, une joyeuse annonce. Après la Résurrection se lance le christianisme, et s'élance l'annonce de Jésus-Christ, vivant, ressuscité des morts, qui promet à ses disciples: "Je suis avec vous, pour toujours, jusqu'à la consommation des temps" (Matthieu 28, 20).
       Noël est une bonne Annonce. Et après la Résurrection commence l'Annonce.
       A présent, c'est à nous de porter le message. Dans les cœurs de tous les baptisés retentit la voix du Seigneur qui dit à Isaïe: "Qui enverrai-je? Qui ira pour nous?" (Isaïe 6, 8).
       Ainsi, après l'annonce de l'Ange ("Je vous annonce"), suit le verset: "Allez... proclamez...". Le christianisme est vraiment l'Evangile. Le christianisme est une Bonne Nouvelle.
 
 
       C'est ainsi que commence l'histoire du christianisme, par la Bonne Nouvelle, par l'Evangile.
       Le mot "évangile"  vient de deux mots grecs qui signifient "bonne nouvelle".
       C'est l'objet de cette lettre de Pâques, de la Résurrection, pour cette année qui resplendit d'une triple lumière au milieu de tous les défis que traverse notre monde. La première est l'Exhortation Apostolique Post-Synodale Ecclesia in Medio Oriente que nous a donnée Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, qui l'a signée en l'église Saint-Paul de notre Patriarcat, à Harissa, au Liban, le 14 septembre 2012; elle porte sur ce double sujet si expressif et encourageant: Communion et témoignage. La deuxième est la célébration à Rome, en octobre 2012, du Synode sur la Nouvelle Evangélisation. Nous y avons participé avec notre Vicaire Patriarcal à Damas, S.E.R. l'Archevêque Joseph Absi, et deux laïcs de Damas, Riad Sargi et Giselle Michati. La troisième est la célébration de l'Année de la Foi (2012-2013).
 
Notre pays, terre de l'Evangile
 
       Nous avons tellement besoin d'approfondir la centralité de l'Evangile dans la vie du chrétien oriental! Car il est le fils de cette Terre Sainte qui est la terre de l'Evangile. C'est la terre dans laquelle Jésus-Evangile est né, a vécu, a enseigné, a fait les prodiges de la Foi, de l'Espérance et de l'Amour; c'est la terre sur laquelle Il a marché, faisant le bien et guérissant toute maladie et toute faiblesse.
    Il a aimé les hommes, tous les hommes, jusqu'à vouloir souffrir, être crucifié et mourir pour eux, afin qu'ils aient la vie et l'aient en abondance (cf. Jean 10, 10), afin qu'ils participent à sa Résurrection et deviennent porteurs de son message d'amour.
 
 
 
       Oui, notre Orient chrétien arabe est la terre de l'Evangile. C'est en elle qu'a d'abord été annoncé l'Evangile, à Jérusalem, à Damas, à Tyr, à Sidon, à Antioche, à Alexandrie, en Irak et jusqu'en Extrême-Orient.
       De l'Orient l'Evangile se répandit dans le monde  entier.Ex Oriente lux!De l'Orient est venu le Chrtist, Lumière du monde. De l'Orient est parti l'Evangile. Dans toute la terre se répandit sa Parole, jusqu'aux confins de l'Ecumenè son Verbe.
       Nous écrivons cette lettre autour de l'Evangile afin que les enseignements de Notre Seigneur Jésus-Christ, les enseignements de l'Evangile, ses valeurs et son saint message soient notre flambeau, notre conversion, notre lumière, notre guide et notre soutien, surtout en ces jours si difficiles: nous y recourons, nous le lisons, nous le méditons,  nous marchons sous l'inspiration de ses lumières et nous trouvons en lui consolation, force, courage, espoir, et la joie de la Résurrection, que nous souhaitons être la part de tous, dans toutes nos terres arabes, surtout dans les pays qui souffrent le plus: Syrie, Liban, Terre Sainte, Egypte, Irak, Jordanie.
       Une Résurrection pour tous les chrétiens qui célèbrent la sainte et glorieuse fête de Pâques, et pour tous nos concitoyens de toutes les confessions. Car tous sont appelés à être porteurs de l'annonce de l'Evangile, de l'annonce de la Résurrection et de la vie, à la place de la violence, de la mort, de la tuerie, de la destruction, du terrorisme, de l'inimitié, de l'aversion, du fanatisme... Car, tous, nous avons été créés pour la vie et non pour la mort, et nous espérons la résurrection et la vie éternelle. Nous sommes les fils et les filles de la Résurrection.
 
 
 
Cette lettre
 
       Dans cette lettre, je voudrais faire ressortir l'importance de l'Evangile, la "nouvelle Annonce", dans la vie de la chrétienté, et plus encore dans la vie de chaque croyant, et même de chaque homme. L'Eglise a toujours été, à travers les siècles, "Mère et Institutrice". Une de ses caractéristiques est d'être apostolique, porteuse du message du Christ, de son annonce à travers les siècles et à toutes les générations. Elle réalise encore aujourd'hui l'appel de Saint Paul adressé à tout cœur: "Malheur à moi si je ne prêchais pas l'Evangile" (1 Corinthiens 9, 16). J'ai la pleine assurance que j'allumerai le feu de cette Bonne Nouvelle, afin que l'Evangile devienne le flambeau dans le cœur, la pensée et la main de chaque fidèle de notre Eglise Grecque-Melkite Catholique.
 
L'Evangile: une Parole vive, une Annonce vivante
 
       En lisant les chapitres, les versets et les événements rapportés dans le Saint Evangile, nous expérimentons une force prodigieuse, un mouvement continuel et une puissance dynamique. L'Evangile n'est pas un livre. L'expression du Coran désignant les chrétiens comme les "gens du Livre" n'est pas très exacte, car l'Evangile est une annonce faite par Jésus-Christ. Les Apôtres n'ont fait qu'enregistrer quelques souvenirs de l'annonce par leur Maître de l'Evangile, dans sa quadruple forme, qui est l'Annonce ou Evangile de Matthieu, Marc, Luc et Jean.
       Il est donc très important de conserver la force de l'Evangile et son dynamisme. En effet, il ne peut pas être confiné dans une parole, une expression, un dogme, une vision ou des définitions limitées. Au contraire, il dépasse toutes ces limites, tous les attributs, toutes les définitions, tous les langages des humains, leurs explications et leurs analyses.
 
L'Evangile, Annonce toujours nouvelle
 
       L'Evangile est toujours ouvert, jamais fermé. Il est toujours nouveau, palpitant, en développement, flexible, communiquant, capable de recevoir toute pensée, toute opinion, toute orientation. Car la nouveauté est dans la substance du christianisme.
       Le Concile Vatican II, qui est un des événements les plus importants dans l'histoire moderne de l'Eglise Catholique, ouvert le 11 octobre 1962, il y a cinquante ans, avait comme sujet principal le renouveau et la modernité dans l'Eglise. Tous ses documents sont un appel aux chrétiens pour qu'ils comprennent que les enseignements du Maître dans le Saint Evangile sont des enseignements modernes, qui conviennent aux besoins du croyant d'aujourd'hui, situé dans son environnement, sa société, face aux problèmes et aux défis auxquels il est exposé, aux questions que lui-même se pose ou qui lui sont posées par la société, le monde, la modernité et le développement.
       L'Evangile ne peut donc jamais vieillir. Le christianisme ne devrait pas vieillir. Et toi, qui crois en Jésus-Christ, en son Evangile, tu n'as pas le droit de vieillir. En revanche, tu dois montrer le Christ toujours nouveau.
 
L'Evangile est une découverte
 
       Celui qui lit l'Evangile avec attention, en profondeur et avec une écoute spirituelle intérieure est pris de joie et d'allégresse, car il y découvre toujours du nouveau. C'est ce que Jésus a exprimé par la parabole présentée à ses disciples et à ses auditeurs, au sujet de l'homme qui a découvert un trésor caché dans un champ, et qui a tout vendu pour acheter ce champ (Matthieu 13, 44). Jésus a présenté une autre parabole, semblable, celle d'un marchand de perles précieuses, qui a découvertt une perle unique et a tout vendu pour l'acheter (Matthieu 13, 45-46).
L'Evangile est un charisme
 
       L'Evangile est une grâce excellente, toujours renouvelée, un charisme, que ne découvre que celui qui a reçu une grâce spirituelle spéciale.
       Ceux qui étaient à l'écoute de Jésus ont découvert ce charisme et cette grâce dans sa personne, sa prédication, ses paroles, sa relation avec les gens, et son comportement envers leurs conditions, leurs besoins, leurs demandes, leurs mentalités et leur esprit. C'est ce que l'Evangile a exprimé en décrivant la position des proches de Jésus. Ainsi, Pierre répond à Jésus avec enthousiasme: "Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle" (Jean 6, 68). Et Saint Pierre encore dit à Jésus, sur le Mont Thabor: "Il est heureux que nous soyons ici" (Marc 9, 5).
       Les Apôtres sont pleins d'étonnement quand Jésus calme la tempête qui les assaille au lac de Tibériade: "Qui est-il donc celui-là, qu'il commande même aux vents et aux flots, et ils lui obéissent" (Luc 8, 25). Jésus surprend ses auditeurs: "Jamais homme n'a parlé comme cet homme" (Jean 7, 46).
       C'était l'attitude des pieux Juifs qui écoutaient le sermon de Jésus sur un passage d'Isaïe (61, 1-2) dans la synagogue de Nazareth, un jour de sabbat: "Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui" (Luc 4, 20). Et encore: "Tous lui rendaient témoignage, et étaient en admiration devant les paroles pleines de charme qui sortaient de sa bouche" (Luc 4, 22).
 
 
 
 
L'Evangile est une annonce
 
       Il est connu que Jésus n'a pas écrit. Les Apôtres n'ont pas enregistré sur place ni consigné en forme de documentation ce qu'ils ont écouté des enseignements du Maître. Les commentateurs de l'Ecriture Sainte disent que les Apôtres ont prêché. Ils étaient pris par le service de la Parole. C'est pour cela qu'ils ont institué le ministère des diacres, afin de pouvoir mieux vaquer à l'Annonce, comme on le remarque dans les Actes des Apôtres. Les discours de Pierre, d'Etienne et d'autres n'ont pas été rapportés dans un texte intégral, mais dans des notes sur ce qu'ils ont enseigné et prêché.
       Le grand souci des Apôtres était l'annonce de l'Evangile. Ils se déplaçaient dans différentes localités de Palestine et de l'Asie Mineure (l'actuelle Turquie) et enseignaient ceux qu'ils rencontraient et avec qui ils se réunissaient.
       C'est seulement plus tard que certains des Apôtres ont mis par écrit ce qu'ils avaient annoncé auparavant. L'annonce a précédé l'écriture. Puis nous avons les lettres de Saint Paul écrites de sa main ou par ses collaborateurs. Et plus tard l'Evangile a été écrit en quatre formes: Matthieu, Marc, Luc et Jean.
 
L'Evangile est le résumé de l'enseignement de Jésus
 
       Le lecteur du Saint Evangile, dans ses quatre formes, constate que ce qui est écrit est un extrait d'un grand ensemble. Ce sont quelques souvenirs des paraboles, des miracles et des enseignements du divin Maître.
 
       Voici quelques versets à l'appui de cela, que je puise dans l'Evangile selon Luc, que j'ai lu d'un trait, goûtant les beaux récits qui y sont rapportés. J'ai trouvé beaucoup de versets qui confirment ce que je viens d'écrire au sujet des quatre Evangélistes.
       Qu'est-ce que Jésus a enseigné et quelles sont les questions qu'Il posait lorsqu'Il discutait, à l'âge de douze ans, avec ceux qui étaient dans le Temple de Jérusalem (Luc 2, 46)? Nous lisons un peu plus loin: "Il enseignait dans leurs synagogues, et tous célébraient ses louanges" (Luc 4, 15). Et encore: "Tous lui rendaiernt témoignage et étaient en admiration devant les paroles pleines de charme qui sortaient de sa bouche" (Luc 4, 22). "Il les enseignait le sabbat. Et l'on était vivement frappé de son enseignement, car il parlait avec autorité" (Luc 4, 31-32). "Or, il cheminait ensuite à travers villes et bourgs, prêchant et annonçant la bonne nouvelle du Royaume de Dieu" (Luc 8, 1). "Mais les foules s'en rendirent compte et le suivirent. Il leur fit bon accueil, leur parla du Royaume de Dieu" (Luc 9, 11). Et encore, dans la synagogue de Capharnaüm: "Quelle parole! Il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs, et ils sortent" (Luc 4, 36). Quelles sont ces paroles? Quel est le texte de cet enseignement?
       Jésus Lui-même insiste sur l'importance de l'annonce dans sa vie, lorsqu'Il est en Galilée: «"Aux autres villes aussi je dois annoncer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, car c'est pour cela que j'ai été envoyé". Et il prêchait dans les synagogues de Judée»(Luc 4, 43-44). Au chapitre 5 nous lisons qu'Il était "pressé par la foule qui écoutait la Parole de Dieu" (Luc 5, 1), sur les bords du lac de Génésareth, puis: "Il monta dans l'une des barques qui était à Simon, et pria celui-ci de s'éloigner un peu du rivage; puis, s'asseyant, de la barque Il enseignait les foules" (Luc 5, 3). Et encore: "Des foules nombreuses accouraient pour l'entendre et se faire guérir de leurs maladies" (Luc 5, 15).
       Jésus enseignait surtout les jours de sabbat (Luc 13, 10), dans les synagogues: "Une multitude de gens (...) venus pour l'entendre et se faire guérir de leurs maladies" (Luc 6, 17-18).
       Le fameux Sermon sur la montagne (Luc 6, 20-49; Matthieu 5, 1 – 7, 27) n'est qu'un exemple et un modèle de ses nombreux enseignements. Peut-être est-ce le résumé des enseignements donnés dans différents lieux et à différentes occasions. Et il y a tant d'autres versets.
       Nous avons un témoignage très distingué de l'Evangéliste Jean, le Bien-Aimé: "Jésus a fait encore en présence des disciples d'autres signes qui ne se trouvent pas relatés dans ce livre. Ceux-là l'ont été, pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la Vie par son Nom" (Jean 21, 30-31). Et aussi: "Il est encore bien d'autres choses que Jésus a faites; si on les écrivait une à une, le monde lui-même, je crois, ne saurait contenir les livres qu'on en écrirait" (Jean 21, 25).
L'Evangile est un entretien avec les hommes
       C'est là une caractéristique unique de l'Evangile. C'est la Parole de Dieu qui s'entretient avec les hommes, qui leur parle, qui les dirige, qui les oriente vers le bien, la vertu, la foi, la miséricorde, l'espérance, le pardon, la tolérance, la justice... C'est l'Evangile! C'est la "lumière qui éclaire tout homme, faisant son entrée dans le monde" (Jean 1, 9). C'est le pain de vie, la nourriture des affamés, l'eau de ceux qui ont soif de satiété spirituelle. C'est la vision nouvelle et unique de la vie des hommes, de la nature (des fleurs, des oiseaux), de l'homme pécheur, de l'homme juste et pieux, de la femme, des enfants, des rois et des autres souverains, de tous ceux qui ont une responsabilité dans la société, des valeurs, du droit, des dévotions, des rites... Nous trouvons surtout dans l'Evangile une vision vraie de la personne (homme, femme, enfant), de sa valeur, de sa dignité, de sa centralité et de sa liberté.
       L'Evangile est l'encyclopédie de l'amour de Dieu pour l'homme: une encyclopédie des valeurs, des mœurs, des enseignements sublimes, des jugements sains, des paroles de vie pour tout homme, pour toute génération, pour tout lieu et temps, toute occasion, tout état, tout événement, tout peuple. Nous trouvons toujours dans l'Evangile lumière, conversion, conseil, sagesse, solution, expérience, et tout ce à quoi tend notre âme pour cette vie et pour la vie éternelle.
Jésus, un annonciateur itinérant
       Jésus est l'Evangile. Il est aussi Lui-même le premier à annoncer son Evangile. La vie publique de Jésus est un chemin d'annonce. Il a passé trois ans à annoncer, à prêcher, à enseigner. Sa première apparition eut lieu lorsqu'Il était encore jeune, âgé de douze ans, au Temple; debout parmi les docteurs, Il enseigne. Jésus écoute leurs questions et leur répond. On pourrait dire de plus qu'Il s'émancipe de son père et de sa mère.
       Il exprime cela en répondant, lorsqu'ils l'ont retrouvé à Jérusalem, à leur question: "Ton père et moi, nous te cherchions angoissés", et Il leur dit: "Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père?" (Luc 2, 46-49).
       L'Evangéliste Saint Luc nous a conservé le premier sermon de Jésus, son premier cours d'exégèse de l'Ecriture Sainte. Ce cours se résume par l'annonce. Ainsi nous lisons dans l'Evangile de Luc: "On lui présenta le livre du prophète Isaïe. L'ayant déroulé, il trouva le passage où il est écrit: L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la délivrance" (Luc 4, 17-18; Isaïe 61, 1-2). Faisant le commentaire de la prophétie d'Isaïe, et par là de tout l'Ancien Testament et de tout l'ensemble des textes divinement inspirés, Il ajoute: "Aujourd'hui ce passage de l'Ecriture s'accomplit à vos oreilles" (Luc 4, 21).
      De même, aux deux disciples de Jean-Baptiste venus Lui demander: "Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre?" (Luc 7, 19), Il répondit par une allusion à ses miracles: "Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres" (Luc 7, 22).
       Ainsi, Jésus résume ses enseignements, sa mission et ses miracles par l'annonce de l'Evangile. Il demande à ceux qu'Il guérit d'annoncer l'Evangile à leur tour" (Luc 8, 39).
       A travers ces versets et détails choisis dans le Saint Evangile, il s'avère clairement qu'il est une annonce vivante et une Parole de vie, que Jésus-Christ a répandues dans les synagogues et les maisons, sur les routes de la Palestine, dans ses villages et ses bourgs, sur les rives du lac de Tibériade, dans le Temple et sur le Mont des Oliviers, à Jérusalem, à Nazareth, à Jéricho, à Capharnaüm, à Safad, à Naïn, à Naplouse, à Sichem, au Golan, sur les rives du Jourdain, ...
       Jésus est un fascinant prédicateur itinérant, un homme sympathique et aimable, qui ajoute à la prédication et à l'enseignement les guérisons et les miracles, preuves de son amour, de sa trendresse, de sa miséricorde et de sa pitié. Il est vraiment une annonce vivante, un Evangile, porteur de la meilleure annonce faite aux hommes: l'amour du Créateur pour sa créature, car Dieu est amour. Toutes les créatures de Dieu sont œuvres d'amour. Et la nature créée est le paradis de l'amour de Dieu pour les hommes.
       Aujourd'hui, les gens raffolent des programmes de télévision qui leur font écouter des prédicateurs célèbres, appelés "charismatiques", aux talents extraordinaires. Mais Jésus est le plus grand prédicateur et orateur, le plus éloquent et le plus charismatique. Les foules sont les meilleurs témoins de ces attributs du divin Maître. Nous avons un grand nombre de versets qui démontrent l'admiration des auditeurs de Jésus pour son enseignement, ses miracles, ses prises de position, ses conseils, ses jugements et ses opinions. Nous nous contentons d'un témoignage significatif, le cri d'une femme qui, au milieu d'une grande foule, écoutait les enseignements de Jésus et élève la voix pour Lui adresser un compliment populaire (zalgouta): "Heureuses les entrailles qui t'ont porté et les seins que tu as sucés!" (Luc 11, 27). Et Jésus de lui répondre, avec une spontanéité et une sagesse extraordinaires: "Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et l'observent!" (Luc 11, 28).
 
Paul, le cinquième Evangéliste
 
       Paul est amoureux de l'Evangile. On peut l'appeler le cinquième Evangéliste. Il suffit de rappeler son fameux mot: "Malheur à moi, si je ne prêchais pas l'Evangile" (1 Corinthiens 9, 16). A partir de cela, j'ai relu les Epîtres de Saint Paul pour préparer cette lettre sur l'Evangile, et j'ai constaté que le mot "Evangile" se retrouve dans chaque Epître, plus d'une fois (j'en ai compté plus de cinquante), et cela sans mentionner les expressions qui sont synonymes du mot "Evangile", comme l'économie du salut, le mystère du Christ, l'annonce, le kérygme...
       A travers cette lecture, j'ai trouvé le sens de la relation de Saint Paul avec l'Evangile, sa profondeur, sa force, son sens dans la vie de Paul et dans sa gigantesque tâche apostolique. En effet, il se donne des attributs et des titres impressionnants, qui mettent en évidence son rôle dans l'annonce de l'Evangile en tout lieu, afin de conduire toute pensée à la connaissance de Jésus-Christ (cf. Philippiens 3, 8)..
       Paul est en relation directe avec l'Evangile. Toute sa vie est liée à l'annonce de l'Evangile de Jésus. Il adhère tellement à l'Evangile qu'il répète une expression qui peut donner à croire qu'il a un Evangile propre à lui. Ainsi prie-t-il pour les fidèles de Rome "Celui qui a le pouvoir de vous affermir selon mon Evangile" (Romains 16, 25).
       Il dit encore: "Si notre Evangile demeure voilé, c'est pour ceux qui se perdent qu'il est voilé" (2 Corinthiens 4,3). Et aussi: "Il vous a appelés par notre Evangile" (2 Thessaloniciens 2, 14). Il écrit à son disciple Timothée: "Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité des morts, né de la race de David, selon mon Evangile" (2 Timothée 2, 8).
Saint Paul, ambassadeur de l'Evangile
       Saint Paul exprime la centralité de l'Evangile dans sa vie et dans son annonce par des attributs extraordinaires: "Apôtre par appel, mis à part pour l'Evangile de Dieu" (Romains 1, 1); "Bénéficiaire de la même promesse dans le Christ Jésus par le moyen de l'Evangile, dont je suis devenu ministre" (Ephésiens 3, 6-7); il est l'ambassadeuir de l'Evangile jusque dans les chaînes (cf. Ephésiens 6, 20); "le glorieux Evangile du Dieu bienheureux, qui m'a été confié" (1 Timothée 1, 11): Dieu l'a voulu annonciateur, Apôtre et maître pour l'Evangile (cf. Colossiens 1, 25-28).
       Ces beaux titres que Saint Paul se donne, dans sa relation avec Jésus et l'Evangile, signifient qu'il est engagé envers l'Evangile, pour le porter et l'annoncer; il est prêt à tout faire afin d'accomplir le service auquel il s'est consacré, quand il a rencontré Jésus ressuscité d'entre les morts, sur la route de Damas. Ses premiers mots adressés à Jésus furent des paroles d'abandon total et de pleine disponibilité pour faire tout ce que Jésus voulait de lui: "Qui es-tu, Seigneur?" (Actes 9, 5).
Paul, amoureux de l'Evangile
       Paul n'a pas honte de l'Evangile de Jésus, car "c'est une force divine pour le salut de tout croyant" (Romains 1, 16), et il invoque "Dieu, que je sers de toute mon âme en annonçant l'Evangile de son Fils" (Romains 1, 9).
       Rien ne peut le séparer de l'Evangile de Jésus ni l'empêcher d'accomplir sa mission et son service de l'Evangile et de Jésus.
       Voici les expressions les plus belles qui montrent le grand amour de Paul pour l'Evangile et son enthousiasme pour en porter l'annonce: "Qui nous séparera de l'amour du Christ? La tribulation? La détresse? La persécution? La faim? La nudité? Car il est écrit: A cause de Toi on nous met à mort à longueur de journée; on nous regarde comme brebis d'abattoir" (Romains 8, 35-36; cf. Psaume 44, 23).
       Comme c'est beau de voir Paul brûler pour l'annonce de l'Evangile! Comme nous lisons dans la Deuxième Epître aux Corinthiens: "Qui est faible, que je ne sois faible! Qui vient à tomber, qu'un feu ne me brûle!" (2 Corinthiens 11, 29). Il décrit les fatigues et tout ce qu'il a enduré avec joie pour l'annonce de l'Evangile en tout lieu: "Ministre du Christ? (Je vais dire une folie!) Moi, plus qu'eux. Bien plus par les travaux, bien plus par les emprisonnements, infiniment plus par les coups. Souvent j'ai été à la mort. Cinq fois j'ai reçu des Juifs  les trente-neuf coups de fouet; trois fois j'ai été battu de verges, une fois lapidé; trois fois j'ai fait naufrage. Il m'est arrivé de passer un jour et une nuit dans l'abîme! Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux frères! Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité! Et sans parler du reste, mon obsession quotidienne, le souci de toutes les Eglises!" (2 Corinthiens 11, 23-28).
       Il conclut la description de tout ce qu'il a souffert pour l'annonce de l'Evangile par ces mots: "C'est donc de grand cœur que je me glorifierai surtout de mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. Oui, je me complais dans mes faiblesses, dans les outrages, les détresses, les persécutions, les angoisses endurées pour le Christ; car lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort" (2 Corinthiens 12, 9-10).
       Ces versets me rappellent un mot extraordinaire, que j'aime répéter, du Patriarche Œcuménique Athénagoras Ier, d'heureuse mémoire: "Je n'ai plus peur, car je suis désarmé".
"Malheur à moi, si je ne prêchais pas l'Evangile"
       Saint Paul veut prêcher avec une générosité sans mesure: "Plutôt mourir... Non, personne ne me ravira ce motif de fierté. Prêcher l'Evangile en effet n'est pas pour moi un motif de fierté; c'est une nécessité qui m'incombe. Oui, malheur à moi, si je ne prêchais pas l'Evangile! Si j'avais l'initiative de cette tâche, j'aurais droit, certes, à une récompense; si je ne l'ai pas, c'est une charge qui m'est confiée. Quelle est donc ma récompense? C'est, dans ma prédication, d'offrir gratuitement l'Evangile en renonçant au droit que me confère l'Evangile. Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait l'esclave de tous, afin d'en gagner le plus grand nombre. Je me suis fait Juif avec les Juifs, afin de gagner les Juifs; sujet de la Loi avec les sujets de la Loi. Je me suis fait un sans-loi avec les sans-loi – moi qui ne suis pas sans une loi de Dieu, étant sous la loi du Christ – afin de gagner les sans-loi. Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais pour l'Evangile, afin d'avoir part à ses biens" (1 Corinthiens 9, 15-23).
 
L'obéissance à l'Evangile
       En tout cela, donc, Paul obéit à l'Evangile. Et il demande l'obéissance à l'Evangile (cf. Romains 10, 16). Il met en garde contre "ceux qui n'obéissent pas à l'Evangile de notre Seigneur Jésus" (2 Thessaloniciens 1, 8). Il veut œuvrer pour l'Evangile de Dieu, "pour que l'oblation des païens, sanctifiée par l'Esprit, Lui soit agréable" (Romains 15, 16).
       Il réprimande les gens de l'Eglise de Galatie, car ils se sont détournés de l'Evangile: "Je m'étonne que si vite vous désertiez Celui qui vous a appelés par la grâce du Christ, pour passer à un autre évangile. Un second évangile, non! Il y a seulement des gens qui vous troublent et qui veulent bouleverser l'Evangile du Christ. Eh bien! Même si quelqu'un – fût-ce moi-même, fût-ce un ange venu du ciel – vous annonçait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu'il soit anathème! Nous l'avons déjà dit, et je le redis aujourd'hui: si quelqu'un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème!
       "Est-ce donc la faveur des hommes que je veux gagner aujourd'hui ou bien celle de Dieu? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes? Si j'en étais encore à plaire aux hommes, je ne serais pas le serviteur du Christ. Car je vous le déclare, frères, l'Evangile que je vous ai prêché n'a rien de l'homme et ce n'est pas non plus d'un homme que je l'ai reçu ou appris; non, c'est par une révélation de Jésus-Christ" (Galates 1, 6-12).
       De ce verset, je peux conclure que Saint Paul a découvert l'enseignement de l'Evangile avant qu'il ne soit écrit, grâce à cette révélation qu'il a reçue lors de son séjour dans "l'Arabie" (le Hauran d'aujourd'hui). Et plus probablement dans la localité de Mismié, un village voisin de Khabab, ville natale de ma mère, où je suis en train de construire un hôpital en mémoire de Saint Paul. C'est la région qu'on peut appeler à juste titre "berceau du christianisme". C'est de cette région que parle Saint Paul dans cette même Epître aux Galates, dans le chapitre où il dit qu'il a passé trois ans en Arabie (cf. Galates 1, 17-18).
       Saint Paul insiste  sur l'importance de s'attacher à l'Evangile. Car l'Evangile a toujours raison. Il parle de la "vérité de l'Evangile" (Galates 2, 5).
       S'adressant aux gens de l'Eglise de Colosses, il écrit: "Nous rendons grâce sans cesse à Dieu, Père de notre Seigneur Jésus-Christ, dans nos prières pour vous depuis que nous avons appris votre foi dans le Christ Jésus et la charité que vous avez à l'égard de tous les saints, en raison de l'espérance qui vous est réservée dans les cieux. Cette espérance, vous en avez naguère entendu l'annonce dans la parole de vérité, l'Evangile, qui vous est parvenu comme au monde entier, où il ne cesse de fructifier et de grandir. C'est ce qu'il fait aussi chez vous, depuis le jour où vous avez appris et connu dans sa vérité la grâce de Dieu" (Colossiens 1, 3-6).
       Saint Paul exprime sa relation avec les fidèles à qui il prêche l'Evangile en disant: "Nous sommes bel et bien arrivés jusqu'à vous avec l'Evangile du Christ" (2 Corinthiens 10, 14); "Je vous porte en mon cœur, vous qui, dans mes chaînes comme dans la défense et l'affermissement de l'Evangile, partagez tous la grâce qui m'a été faite" (Philippiens 1, 7).
       Encore aux fidèles de Colosses, il écrit: "Voici qu'à présent Il [ le Père ] vous a réconciliés dans le corps de chair de son Fils par sa mort (...). A condition cependant que vous demeuriez fondés sur la foi, fermes, inébranlables dans l'espérance apportée par l'Evangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature sous le ciel" (Colossiens 1, 22-23).
       Il veut que tous ses collaborateurs luttent pour l'annonce de l'Evangile, car, dit-il c'est "l'Evangile de votre salut" (Ephésiens 1, 13). Il les exhorte à être les serviteurs de l'Evangile (cf. 2 Timothée 1, 8 et 4, 5). Il encourage les fidèles à rester fermes dans la foi, à travers l'Evangile" (cf. 2 Timothée 2, 8). Il supporte les chaînes et tous les outrages pour l'Evangile (cf. 1 Thessaloniciens 2, 1-13).
Le baptisé, porteur de l'annonce de l'Evangile
       Le baptisé qui croit en Jésus-Evangile devient dépositaire de l'Evangile. Il reçoit l'Evangile pour ensuite le donner. Il est responsable de l'Evangile, de ses valeurs, de sa préservation, de son annonce; il lui revient de le répandre, de le faire aimer par les autres, dans sa paroisse, son quartier, et même auprès de ceux qui sont d'une autre foi, d'une autre communauté, d'une autre confession. L'Evangile devient l'identité du chrétien, sa vocation, sa mission, son but et le sens de sa vie. Avec l'Apôtre Paul, il dira: "Malheur à moi, si je ne prêchais pas l'Evangile" (1 Corinthiens 9, 16).
       Parler de l'annonce, de la prédication, pourrait avoir une mauvaise résonnance dans les oreilles de beaucoup, surtout dans notre société arabe à majorité musulmane, mais aussi dans l'Europe laïque et en Amérique. Mauvaise résonnance dans les oreilles des chrétiens et des musulmans. Dans les oreilles des chrétiens parce qu'ils connaissent trop bien la position des musulmans au sujet de l'annonce. Dans les oreilles des musulmans parce qu'ils refusent l'annonce par qui que ce soit qui ne soit pas musulman, considérant que l'annonce est un monopole exclusif des musulmans et de l'Islam, donc permise aux musulmans et interdite aux chrétiens et à n'importe quel autre croyant non musulman.
       Je me rends bien compte de la gravité du fait de parler de ce sujet dans nos pays arabes, qui sont cependant le berceau du christianisme, avant d'être le berceau de l'Islam, et depuis encore plus longtemps le berceau du judaïsme.
       Je sais bien que ce thème est encore difficile dans l'Europe laïque, où se posent les problèmes concernant l'habit (voile), l'alimentation, les boissons, le mariage, la famille, et plus généralement au sujet de la Charia, ou Loi de l'Islam, ainsi qu'à propos des législations relatives au statut personnel, à la liberté de culte et de conscience, à la construction des églises et des mosquées, à la hauteur des minarets, et enfin de tout le Halal et le Haram (ce qui est permis et interdit).
       Tous, nous nous rendons bien compte de la gravité et de l'importance de ces problèmes, de la difficulté de leur solution, de la sensibilité à leur égard et de la meilleure façon de les traiter.
       Peut-être la grande difficulté réside dans le fait que chaque fidèle est convaincu de ce que sa foi est la seule vraie et sa religion la meilleure, de ce qu'il est un fils du peuple élu, de la nation la plus généreuse et de l'Eglise infaillible.
       Nous connaissons tous très bien les expressions familières qui sont contenues dans les catéchismes et les autres manuels d'instruction religieuse enseignés dans les églises et les mosquées, ainsi que dans d'autres lieux de culte et dans les institutions religieuses des musulmans, des chrétiens et des juifs. Sans compter les commentaires contenus dans plusieurs livres de religion et exprimés dans des congrès et autres tribunes.
       La difficulté réside aussi dans la façon pour chacun de mettre en pratique son obligation d'assurer la pureté et la clarté de son dogme et en même temps de respecter le dogme d'une autre religion et de vivre en paix avec l'autre, qui n'est pas de la même religion. Et plus encore comment édifier une société civile croyante, qui puisse être le modèle de la ville (polis) idéale dont parlent les théologiens chrétiens et musulmans, de sorte qu'une même Patrie puisse donner leur place à tous les citoyens, malgré les différences de leurs dogmes religieux, dans une convivialité pacifique, le respect mutuel, l'accueil de l'autre, la considération réciproque, l'amitié et l'amour.
 
 
La religion la meilleure, la nation choisie
       Je voudrais être encore plus clair et plus sincère à ce sujet. Dans l'histoire du judaïsme, et notamment dans la Bible et la Torah, nous trouvons des expressions comme "Peuple élu", "Peuple de Dieu", "Terre promise", ... Dans le christianisme, nous trouvons les mêmes expressions avec une autre signification: ce sont les chrétiens qui sont le nouveau Peuple élu. Ainsi, nous lisons dans la Première Epître de Saint Pierre (2,9), qui reprend des termes de l'Exode (19, 5-6): "Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s'est acquis". Nous connaissons tous, aussi, le fameux dicton: "Hors de l'Eglise, point de salut!". Et de même ce verset du Coran: "Vous êtes la meilleure communauté qu'on ait fait surgir pour les hommes" (sourate Al-Imran 110); et aussi: "Etres, la religion acceptée d'Allah, c'est l'Islam" (sourate Al- Imran 19).".
       Je ne sais pas ce que disent d'eux-mêmes les bouddhistes ou divers pays. On connaît le proverbe: "Chacun croit qu'il est le meilleur".
       Naguère, j'étais troublé en lisant ou en écoutant ces expressions. Maintenant, j'ai commencé à comprendre la logique de chaque groupe et de ceux qui adhèrent à chaque religion. En effet, chacun de nous a l'obligation de respecter sa propre religion, de l'exalter, d'être fier d'elle, de la défendre devant les autres, de l'éloigner de toute faute et de tout manquement. Il n'est pas du tout raisonnable que quelqu'un dénigre sa propre religion ou ait des doutes à son sujet ou sur sa valeur. Saint Paul nous dit: "Tout ce qui ne procède pas d'une conviction est péché" (Romains 14, 23).
       Je suis convaincu qu'il est absolument nécessaire de nous élever au-dessus de toutes ces sensibilités, en respectant chacun le sentiment de l'autre, sa croyance, sa religion, œuvrant chacun à la préservation de son identité propre, de ses traditions, de sa nation, de sa tribu, de sa Patrie, de sa société, de sorte que chaque citoyen puisse vivre en pleine liberté: liberté de culte, de religion, de pensée, d'art, de politique, etc.
       Ainsi nous mettons ensemble en pratique les valeurs de notre sainte foi dans notre vie, notre société, notre politique, notre économie, en tant que citoyens égaux en droits et en devoirs, afin d'être dignes des attributs donnés à chaque groupe, chaque religion, chaque parti politique, solidaires les uns des autres, dans le cadre de notre appartenance à notre Patrie, notre Eglise, notre peuple, notre tribu, travaillant aux mêmes bonnes œuvres et aux mêmes services communs et mutuels, pour la prospérité, le développement, la sécurité et la paix de tous.
       Nous souhaitons que les expressions citées ci-dessus, qui sont objet d'une sensibilité aigüe, soient plutôt un motif de dépassement dans les mœurs, les bonnes œuvres, le civisme, car, comme dit le proverbe français, "Noblesse oblige".
       Dans cette optique, et à la lumière de cette mentalité ouverte et respectueuse de l'autre, nous pouvons vivre notre christianisme, notre Islam, notre judaïsme, nos options politiques et nos visions sociales.
       Et ainsi nous serons vraiment une nation sainte, un lieu de salut, un peuple élu et un sacerdoce royal, vivant dans la sécurité, la stabilité, la foi, l'espérance et la charité. C'est à cela que nous devons travailler, musulmans, chrétiens, juifs, bouddhistes, hindous, athées, agnostiques. C'est en adoptant cette position que nous pouvons nous enrichir mutuellement, et défendre notre point de vue, notre honneur, notre terre, notre patrimoine, nos usages, nos traditions... C'est là vraiment un évangile, une bonne nouvelle pour nous tous.
       Nous devons nous préoccuper de l'éducation des jeunes générations dans cette ligne, introduire ces valeurs dans les manuels scolaires, et en faire une charte de vie, pour les chrétiens et les musulmans en particuliere, en conjugant nos effort, notamment ceux des clergés chrétiens et musulmans, pour les développer, les mettre en pratique, les prêcher dans les églises et les mosquées, les étudier dans des conférences et des congrès destinés spécialement aux jeunes. Tout cela est la garantie vraie de la convivialité et de la réduction des dangers de l'émigration, des émeutes, de la discrimination, des rivalités. C'est cela qui procurera la sécurité aux chrétiens et aux musulmans, aux musulmans entre eux, aux chrétiens entre eux, aux pays arabes et musulmans dans leurs relations réciproques, loin des accusations mutuelles d'apostasie.
Atmosphères pour vivre l'Evangile
       Ces atmospères sont propices et préparent le chemin du vrai dialogue islamo-chrétien, dialogue de la vie, de la théologie, des dimensions sociales et nationales. Cela prépare aussi à vivre le Saint Evangile dans notre société selon     
les directives et les orientations définies par les Pères du Synode des Evêques à Rome en octobre 2010.
       Ces orientations furent exprimées et développées dans l'Exhortation Apostolique Post-Synodale Ecclesia in Medio Oriente, promulguée par Sa Sainteté le Pape Benoît XVI lors de sa visite au Liban le 14 septembre 2012, et du Liban adressée à tous les chrétiens, musulmans et juifs du Moyen-Orient.
       De plus, ces atmosphères sont nécessaires pour vivre notre foi en tant que chrétiens et citoyens arabes, dans nos Patries arabes à majorité musulmane.
       Il s'agit aussi d'une garantie pour arrêter, ou au moins freiner, l'émigration, et pour continuer à être, comme le prouve l'histoire, une part active de la vie de notre région, en œuvrant, en servant, en faisant progresser nos Patries, dans lesquelles nous avons vécu des périodes douces et des périodes amères.
 
L'Evangile, appel à la convivialité
 
       Le fondement de notre convivialité, du respect des uns envers les autres, de l'acceptation de l'autre en dépit de toutes sortes de différences dans les pays arabes et dans le monde entier, c'est le dogme que nous confessons tous, sans aucune réserve ou exclusion ou monopole, à savoir que nous sommes tous les serviteurs de Dieu, créés à son image et ressemblance. Et selon al-Hadith "le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est le plus pieux".
 
       Nous croyons que Dieu nous aime tous, car Il est Amour; nous croyons que dans sa miséricorde Il fait briller le soleil sur les mauvais comme sur les bons; nous croyons qu'Il veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à la connaissance de la vérité; nous croyons qu'Il aime les justes et a pitié des pécheurs; nous croyons qu'Il nous a promis la vie avec Lui, car nous sommes tous ses enfants. "Certes nous sommes à Allah, et c'est à Lui que nous retournerpons" (sourate al-Baqara). Et le Christ nous a dit: "Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures" (Jean 14, 2).
       Dans le même Evangile, nous lisons que le grand prêtre Caïphe avait prophétisé que "Jésus devait mourir pour la nation [ c'est-à-dire la nation juive, ou toute nation déterminée ], et non seulement pour la nation, mais encore afin de ramener à l'unité les enfants de Dieu dispersés" (Jean 11, 51-52). Car Jésus est notre paix, Lui qui a détruit le mur séparant les hommes entre eux, c'est-à-dire l'inimitié, faisant de deux un seul par le moyen de la paix (cf. Ephésiens 2, 15). C'est Lui l'Evangile, la Bonne Nouvelle, la Nouvelle Evangélisation, pour tous les hommes, musulmans, chrétiens, juifs, bouddhistes, hindous, athées et non-croyants de fait ou d'intention.
       C'est la nouvelle annonce, que nous devons recevoir au plus profond de nos âmes et que nous devons porter et offrir aux autres, à tous nos frères, non pour les convertir ("Tu [Muhammad] ne diriges pas celui que tu aimes, c'est Allah qui guide qui Il veut"), mais, comme a dit le Christ, "pour qu'on ait la vie, et qu'on l'ait surabondante" (Jean 10, 10).
 
L'Evangile, un appel au dialogue entre les hommes
 
       En parlant de ce sujet très important dans notre société orientale, je voudrais citer des passages de ma lettre de Noël 2007, intitulée "Le Verbe s'est fait chair", et dans laquelle je rappelle l'importance de la Parole de Dieu dans le dialogue entre chrétiens et musulmans, et entre les hommes en général.
       "Il y a la Parole que nous avons en commun, c'est clair: maintenons un dialogue de notre belle foi, car la Parole qui m'a été donnée par Dieu dans ma foi chrétienne est vraiment mienne, mais pas seulement pour moi; elle est pour ma société, pour mes semblables, et je dois la leur porter comme une lumière d'amour et un appel à l'amour, un signe d'espoir pour l'autre, dans le sens qu'il puisse croître dans sa religion et dans ses croyances et les approfondir, et non pas pour que je le méprise ou méprise sa propre religion. (...)
       "Il n'y a pas de monopole de la Parole de Dieu. Elle est aussi bien de l'autre que mienne. Notre monde musulman a peur de notre prédication, mais il ne cesse pas de prêcher l'Islam. C'est un point de vue qui n'est pas raisonnable. Nous demandons à nos concitoyens musulmans de nous reconnaître la liberté de porter la bonne nouvelle à d'autres, avec amour et respect pour leur foi, mais nous ne demandons à personne d'embrasser notre foi. Il suffit que les gens puissent la découvrir, l'estimer et l'aimer. La conversion est l'œuvre de Dieu. N'essayez pas de convertir un ami ou quelqu'un que vous aimez. Dieu convertit qui Il veut. (...)
       "Nous remercions Dieu pour les nombreuses et belles relations entre chrétiens et musulmans, qiui existent notamment dans la vie de tous les jours. Cependant, j'aimerais que nous puissions partager la Parole de Dieu, car c'est ce qui nous unit, nous rassemble et nous renforce, tout en consolidant notre foi. N'ayons pas peur d'aimer la Parole de Dieu chez nos frères et nos sœurs. N'ayons pas peur des versets du Coran et qu'ils n'aient pas peur des versets de l'Evangile ou de la Torah. C'est là la Parole de Dieu pour nous tous, chacun selon sa propre vocation. J'aimerais dire à nos frères musulmans qu'ils n'aient pas peur de notre foi. Ayons plutôt peur d'utiliser des mots de vengeance, de critique, d'orgueil ou de mépris. La Parole de Dieu ne méprise personne. Elle n'est pas fierté, ni vantardise, ni enflure. Elle ne nous engage pas dans un mauvais comportement ou ne se réjouit pas de la vengeance. Elle se réjouit du bien, non du mal. Elle se réjouit de l'amour et croit tout (cf. 1 Corinthiens 13, 1-13).
       "Aimons la Parole de Dieu, car la Parole de Dieu est pour nous tous. Partageons ces mots, les proclamant dans nos chants et les aimant. Que la Parole de Dieu soit pour notre amitié, notre convivialité et nos relations mutuelles. Au lieu d'employer des flatteries vides et menteuses, nourrissons-nous des plus beaux mots de la terre, et partageons ces mêmes mots célestes que Dieu adresse aux enfants des hommes, car Dieu est généreux et accorde ses paroles vivifiantes à nous tous. N'ayons pas peur des paroles de Dieu, mais plutôt des paroles des hommes. Faisons donc en sorte que nos mots humains se changent en mots divins. (...)
       "Notre zèle pour la Parole de Dieu devrait être pour nous un moyen de sanctification et d'approfondissement de notre foi. Mais nous ne devons pas permettre à notre zèle pour cette Parole de devenir une arme pour exploiter les autres, les juger, les persécuter et les obliger à embrasser notre foi, pas plus que nous ne devons permettre que la Parole de Dieu devienne une cause de conflits, de disputes et d'affrontements entre nos fidèles et ceux qui ont des convictions religieuses différentes, ni qu'elle devienne un instrument de terrorisme ou le prétexte pour un groupe de revendiquer une supériorité sur un autre groupe. (...)
       Je dis à mes frères musulmans: n'ayez pas peur de notre foi, mais craignez plutôt que nous négligions notre foi et que nous nous laissions aller à des habitudes déplaisantes. A mes frères chrétiens je dis: n'ayez pas peur des paroles de ces musulmans qui gardent et conservent la Parole de Dieu".
 
L'Eglise, porteuse de l'annonce de l'Evangile
 
       Ces enseignements de l'Evangile, cette annonce sublime, répandue en Palestine, a besoin d'apôtres qui la portent au monde en partant de la Palestine.
       C'est  ainsi que Jésus Lui-même a fait porter cette belle annonce par ses disciples dans les derniers chapitres de l'Evangile, après la Résurrection. Nous lisons dans Matthieu (28, 19-20): "Allez donc. De toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit".
       De même dans Marc (16, 15): "Allez dans le monde entier, proclamez l'Evangile à toute la création". Et dans Luc (24, 48): "De cela [ de l'Evangile ], vous êtes témoins".
       Les disciples partirent dans le monde entier pour accomplir le commandement de leur Maître, Sauveur et Dieu, fondant des Eglises partout. Ces Eglises sont le lieu géographique, dans le temps humain, de la sainte annonce. Chaque membre de l'Eglise y entre par le baptême et ainsi devient lui aussi apôtre et porteur de l'annonce de l'Evangile.
       L'Eglise, avec tous ses membres, est porteuse de l'annonce de l'Evangile: les pasteurs et les communautés de croyants. Et cela au moyen du travail pastoral et des bonnes œuvres, dans le cadre des éparchies, des ordres religieux masculins et féminins, et des institutions comme les écoles, les universités, les orphelinats, les hôpitaux, les asiles de vieillards et les diverses sociétés de bienfaisance, ainsi que par la présence des files et des filles de l'Eglise dans la société, sur les plans professionnel, politique, économique, artistique, scientifique, médiatique, etc.
       L'annonce de l'Evangile se réalise quotidiennement dans le cadre de l'Eglise; comme l'a dit Jésus à Nazareth: "Aujourd'hui, ce passage de l'Ecriture s'accomplit" (Luc 4, 21). Cet "aujourd'hui", c'est l'ensemble de l'histoire de l'Eglise à travers les siècles, au cours desquels l'Eglise n'a pas cessé de réaliser l'annonce de l'Evangile. L'Eglise, en effet, a été fondée pour être l'Evangile quotidien, l'Evangile pour chaque siècle.
       Parmi les moyens et les canaux les plus importants pour répandre l'annonce de l'Evangile, nous avons l'enseignement de l'Eglise, la Divine Liturgie, les offices de la Liturgie des Heures, le catéchisme, mais surtout les sacrements de l'Eglise, qui accompagnent la vie du fidèle, depuis le berceau jusqu'au tombeau, vers la vie éternelle.
      
La place excellente de l'Evangile
 
       Le Saint Evangile, en tant que livre, en soi a une place privilégiée pour exprimer l'importance de l'annonce dans l'histoire de l'Eglise, pour ses enseignements, ses dévotions, sa liturgie. Le Saint Evangile est l'objet du plus grand respect parmi les fidèles chrétiens. Il n'y a pas de célébration, de prière ou de sacrement de l'Eglise ou de réunion communautaire sans une lecture de l'Evangile, et souvent des Actes des Apôtres, des Epîtres de Saint Paul et de livres de l'Ancien Testament.
       Dans la tradition gréco-byzantine, le livre de l'Evangile est déposé sur la table sainte de l'autel de façon permanente. Ainsi est mis en évidence le lien entre la Divine Liturgie et la prière de l'Eglise d'une part, et de l'autre l'Evangile. L'Evangile est porté en procession au cours de la Divine Liturgie et d'autres offices solennels, notamment lors des principales fêtes des Saints.
       Dans ces processions, l'Evangile doit toujours être porté avec une grande vénération, solennellement, entouré de cierges et d'encens. Les fidèles le baisent à son passage parmi eux ou baisent les ornements du prêtre ou du diacre qui le portent, ou envoient des baisers en sa direction et souvent l'accompagnent. De même ils se tournent vers lui durant sa proclamation du haut de l'ambon ou de la porte royale de l'iconostase et s'agenouillent sous le Livre saint pendant la proclamation du texte sacré. (Il faut abolir la coutume introduite de faire porter l'Evangile, avant sa proclamation, par le chauffeur de l'Evêque ou par le sacristain).
       De plus, l'Evangile ou le Nouveau Testament, ou la Bible complète, voilà le plus beau cadeau que l'on puisse faire à qui n'en possède pas un exemplaire. Il est édifiant de voir l'Evangile occuper une place d'honneur dans les maisons, et encore plus de voir les fidèles le lire en famille, à la maison, ainsi qu'au début des réunions des groupes pastoraux et des confréries, et au commencement de toute célébration.
 
La Nouvelle Evangélisation
 
       La plus grande vénération de l'Evangile et la plus importante sont que les enfants de l'Eglise portent les valeurs évangéliques au monde, à la société.
       La Nouvelle Evangélisation était l'objet de la treizième session ordinaire du Synode des Evêques, que Sa Sainteté le Pape Benoît XVI a réunie du 7 au 28 octobre 2012, à laquelle j'ai participé. J'y ai donné une intervention sur la Nouvelle Evangélisation dans notre Eglise Grecque-Melkite Catholique, en me fondant sur notre patrimoine propre, hérité de nos pères et ancêtres, patrimoine qui peut être aujourd'hui porteur de renouveau dans notre Eglise, afin qu'elle porte une annonce renouvelée de l'Evangile, face aux défis qui entravent notre chemin de foi.
 
Principales étapes du programme proposé
 
       1. Encourager les pèlerinages aux Lieux Saints en Palestine et aux autres lieux de pèlerinage répandus dans nos pays, dédiés à la Sainte Vierge, aux saints et aux saintes, notamment dans les couvents. De même, visiter les églises des différentes communautés chrétiennes, pour y acquérir de nouvelles expériences spirituelles.
       2. Les retraites spirituelles pour laïcs, hommes et femmes, jeunes gens et jeunes filles, surtout dans les monastères, avec participation à la pière des religieux et des religieuses, et en écoutant des conférences sur l'histoire de ces couvents et sur leur histoire.
       3. Le recours aux moyens de communication sociale pour annoncer l'Evangile, surtout auprès des jeunes qui emploient ces moyens pour leur poropre formation, afin de porter l'Evangile à d'autres jeunes.
       4. Profiter des célébartions liturgiques, notamment de la Divine Liturgie, mais aussi des autres offices, pour approfondir la vie spirituelle, surtout à l'occasion des grandes fêtes et des quatre temps de jeûne ou carêmes qui, dans l'ancienne tradition de notre Eglise, précèdent les fêtes de Noël, de Pâques (Grand Carême), des Saints Apôtres Pierre et Paul et de la Dormition de la Très Sainte Vierge.
       5. Animer les offices liturgiques et aider les fidèles à y participer d'une manière personnelle, suretout les jeunes, notamment pour la Divine Liturgie, mais aussi pour les Vêpres, les offices du Grand Carême et les vigiles nocturnes, dans une atmosphère de piété et de méditation.
       6. La célébration soignée des sacrements de la vie chrétienne, surtout pour le baptême et la consignation du Saint Myron (Saint Chrême) ou confirmation, la Sainte Communion et le mariage. Il faut aider les fidèles à y participer activement, surtout en recourant aux petits fascicules spéciaux qui concernent l'explication des riches symboles de chaque célébration.
       7. Les prêtres doivent bien préparer leurs sermons. Il faut bien former les séminaristes à l'art de la prédication, à la direction spirituelle et à l'accompagnement personnel.
       8. Informer les fidèles sur la vie des Saints et l'histoire de l'Eglise, en montrant comment elle a vécu les valeurs de l'Evangile, dans des conditions difficiles et héroïques, même jusqu'au martyre.
       9. Redécouvrir le rôle de l'icône dans notre tradition orientale, car l'icône est une théologie en couleurs et en symboles. Tous les éléments de l'icône aident à découvrir le mystère du Christ. Il est important d'introduire dans nos paroisses les vigiles spirituelles devant la sainte icône, accompagnées par des explications théologiques et spirituelles, avec des intervalles de silence et de prière personnelle. L'Occident nous a précédés en organisant des méditations et des veillées nocturnes d'adoration silencieuse devant les icônes.
       10. Créer une atmosphère sociale chrétienne communautaire à travers les activités paroissiales des divers groupes et des réunions de familles, par exemple à l'occasion des fêtes, des anniversaires, de la célébration des sacrements, des réunions des confréries, etc., pour donner lieu à des échanges d'expériences personnelles. Nous savons tous combien nous avons besoin de cette atmosphère de foi, surtout dans les conditions difficiles que connaissent nos pays.
       Il faut profiter de l'amour des jeunes pour de telles activités, qui sont les plus aptes à les organiser et à les animer.
 
L'Evangile de Jésus: mon Evangile
 
       Je me suis longuement étendu, dans cette lettre, sur la présentation du Saint Evangile. Nous avons tenté de découvrir son sens, à travers des attributs et des descriptions approximatives qui ne suffisent pas, malgré leur élévation, à décrire le saint, grand, noble, sublime, universel et cosmique Evangile. Tout cela est insuffisant et inapte, et ne donne qu'une pâle image de l'Evangile, car celui-ci est Jésus Lui-même. L'Evangile est certes l'annonce et l'enseignement de Jésus, mais c'est plutôt Jésus Lui-même.
       Voici la liste des attributs en question:
       L'Evangile, une Parole vive.
       L'Evangile, une annonce vivante.
       L'Evangile toujours nouveau.
       L'Evangile, une découverte.
       L'Evangile, une grâce excellente.
       L'Evangile, résumé des enseignements de Jésus.
       L'Evangile, entretien avec les hommes.
       L'Evangile, Parole de vie.
       Ces attributs sont beaux. Mais tout cela reste comme un joli panorama devant nos yeux, et nous sommes des spectateurs.
       Maintenant, dans la présente partie de cette lettre, je voudrais mettre la flamme de l'Evangile dans le cœur de chaque chrétien, surtout de chaque fidèle de mon Eglise Grecque-Melkite Catholique, ainsi que dans le cœur de tout croyant, de tout citoyen de notre monde arabe, afin que tous découvrent que l'Evangile n'est pas en dehors de chacun d'eux, en face d'eux, mais à l'intérieur de chacun. Chacun est appelé à ce que l'Evangile de Jésus devienne son Evangile, afin que sa vie sur cette terre, dans sa Patrie, dans sa société, se transforme en Evangile, en une annonce de vie.
          J'ai écrit une partie de cette lettre durant mon séjour au Vatican, et plus précisément le jeudi 11 octobre, jour où j'ai participé à la Sainte Messe papale sur la place Saint-Pierre pour commémorer le cinquantième anniversaire de l'ouverture du Concile Vatican II (1962-1965).
              L'Evangile de cette Liturgie était celui de Saint Luc (4, 16-21), c'est-à-dire du sermon de Jésus dans la synagogue de Nazareth (qui est aujourd'hui notre église paroissiale à Nazareth). Après avoir lu le passage du prophète Isaïe, Jésus commence son homélie en disant: "Aujourd'hui ce passage de l'Ecriture s'accomplit à vos oreilles". Il a voulu dire par là que la Bible est son livre. Il est son sujet et son contenu, et c'est Lui qui réalisaera tout ce qui y est écrit, car c'est Lui qui l'a inspiré par son Esprit.
       Alors j'ai écrit cette note:
       Mon frère chrétien, peux-tu, en écoutant l'Evangile, dire: c'est mon Evangile, c'est ma lettre? Peux-tu découvrir, à travers l'Evangile, ta mission, ta vocation? Peux-tu dire: l'Evangile est mon identité, mon livre? Cela voudrait dire que tu es d'accord avec l'Evangile et qu'il exprime ta pensée, tes aspirations, tes espoirs dans la vie.
       C'est lui qui sera pour toi la constitution, le point de repère, le directeur, le guide, l'arbitre, devant les problèmes, les défis, les tentations, les tiraillements, les courants des pensées versatiles et déchaînées qui s'abattent sur nous comme des vagues violentes, à travers les les moyens de communication sociale (presse, télévision, films), les livres, etc.
       Alors tu peux dire avec fierté, joie, courage, fermeté et conviction: l'Evangile de Jésus est mon Evangile.
       Cela veut dire que tu es arrivé à une conviction vitale très importante: tu as découvert ton identité. Tu feras de ton mieux pour l'approfondir, la vivre, la porter et l'offrir aux autres. Alors ta vie changera entièrement. Tu découvriras en profondeur le sens de ta vie, le but de ton existence, la relation de ta vie et ta mission dans ce monde et ta relation avec l'autre monde qui t'attend. Cette conviction te donnera une grande sérénité, un repos intérieur, un courage impétueux dans le travail, un succès dans la société, un vrai bonheur jaillissant de l'intérieur de toi-même et non pas importé de l'extérieur.
       Tu portes l'Evangile dans ton cœur, dans ta pensée. Mais plutôt c'est l'Evangile qui te porte, qui te réconforte dans ta responsabilité de porter l'Evangile dans le monde. Ainsi l'évangélisé devient évangélisateur et apôtre, le disciple devient un maître. En voyant le prêtre ou le diacre porter l'Evangile en procession, tu te vois toi-même porteur de l'Evangile.
       Alors tu ne te contenteras pas d'écouter l'Evangile avec attention, zèle et ferveur, mais toi-même tu liras l'Evangile aux autres, en vivant les valeurs de l'Evangile dans ta vie, car c'est la sainteté de la vie chrétienne qui montre la beauté de l'Evangile. Les saints sont les meilleurs annonciateurs de l'Evangile.
 
L'Evangile, printemps du salut
 
       Notre monde a besoin de bonnes nouvelles, c'est-à-dire qu'il a besoin de l'Evangile, porteur de bonnes nouvelles. Il a besoin de l'Eglise qui est le cadre dans lequel nous apprenons les bonnes nouvelles, l'Evangile, où se vivent les valeurs de l'Evangile, lesquelles sont les vraies bonnes nouvelles pour le monde d'aujourd'hui.
       Notre monde, pour moi, c'est mon Eglise Grecque-Melkite Catholique, et spécialement le monde arabe, dans lequel les fils et les filles de mon Eglise sont répandus. Ce sont eux qui sont les responsables de ce monde arabe à majorité musulmane. C'est cela qui m'a poussé, et ne cesse de me pousser, à répéter ma conviction que nous sommes l'Eglise des Arabes, l'Eglise de l'Islam, qui est responsable de porter le témoignage de l'Evangile à ce monde arabe, qui est mon monde, ma société, ma maison, ma Patrie et ma famille. C'est le monde, comme je l'ai dit ci-dessus, dans lequel nous vivons notre christianisme, notre Evangile et les enseignements de l'Eglise.
       Nous ne pouvons pas vivre l'Evangile et les enseignements de l'Eglise sans notre appartenance à ce monde, sans son amour, son service et la conviction que c'est notre monde.
       Je voudrais ici attirer l'attention sur deux faits qui me semblent fermement liés et significatifs, à savoir ce qu'on appelle le "printemps arabe" et l'Exhortation Apostolique Post-Synodale Ecclesia in Medio Oriente. De plus, je suis convaincu que la Providence divine a pourvu que soit tenue, avant le début du "printemps arabe", une assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques, en octobre 2010, à laquelle ont participé les Patriarches et les autres Hiérarques catholiques du Moyen-Orient, en plus d'observateurs et invités des autres Eglises, ainsi que d'entités musulmanes et juives. Comme nous l'avons dit plus haut, le Saint Père Benoît XVI a promulgué en septembrte 2012 l'Exhortation Apostolique Post-Synodale qui a suivi cette assemblée d'octobre 2010.
       Je me contente de reproduire ici quelques passages du discours du Pape au Palais présidentiel de Baabda, le 15 septembre 2012, durant une rencontre que je considère comme un sommet spirituel et politique, chrétien et musulman, de portée générale:
              "La spécificité du Moyen-Orient se trouve dans le mélange séculaire de composantes diverses. Certes, elles se sont combattues, hélas aussi! Une société plurielle n'existe qu'à cause du respect réciproque, du désir de connaître l'autre et du dialogue continu. Ce dialogue entre les hommes n'est possible que dans la conscience qu'il existe des valeurs communes à toutes les grandes cultures, parce qu'elles sont enracinées dans la nature de la personne humaine. Ces valeurs, qui sont comme un substrat, expriment les traits authentiques et caractéristiques de l'humanité. Elles appartiennent aux droits de tout être humain. Dans l'affirmation de leur existence, les différentes religions apportent une contribution décisive. N'oublions pas que la liberté religieuse est le droit fondamental dont dépendent beaucoup d'autres. Professer et vivre librement sa religion sans mettre en danger sa vie et sa liberté doit être possible à quiconque. La perte ou l'affaiblissement de cette liberté prive la personne du droit sacré à une vie intègre sur le plan spirituel. La soi-disant tolérance n'élimine pas les discriminations, parfois elle les conforte même. (...)
       "La liberté religieuse a une dimension sociale et politique indispensable à la paix. Elle promeut une coexistence et une vie harmonieuse par l'engagement commun au service de nobles causes et par la recherche de la vérité q         ui ne s'impose pas par la violence mais par la force de la vérité elle-même (Dignitatis humanae, 1)".
       Les paroles du Saint Père sont un écho des enseignements de l'Evangile, qui est la base du vrai printemps du salut. Dans différentes lettres précédentes, j'ai présenté ces valeurs, que je considère comme la charte des droits de l'homme arabe et le résumé des exigences ou demandes, authentiques et non pas importées, que l'on appelle le "printemps arabe".
 
 
Ne crains pas, petit troupeau
 
       Une parole forte de l'Evangile, répétée 365 fois dans la Bible, selon les jours de l'année, s'adresse à toi: N'aie pas peur, petit troupeau! Jésus nous donne ainsi, jour après jour, une dose évangélique qui est notre pain quotidien, pour ne pas avoir peur. Le petit troupeau fut le thème central de mon intervention au Synode romain sur la "Nouvelle Evangélisation", le 11 Octobre 2012. J'ai insisté sur le fait que Jésus a donné au petit troupeau un grand rôle envers le grand troupeau, de sorte que le sens de la présence de ce petit troupeau, son rôle et sa mission dans le monde arabe, où Jésus est né, où le christianisme est né, soient d'être avec et pour le grand troupeau, afin de lui porter la plus belle annonce que la terre ait jamais écoutée et que les anges ont proclamée la nuit de Noël: "Je vous annonce une grande joie (...): aujourd'hui, dans la cité de David, un Sauveur vous est né" (Luc 2, 10-11). Jésus est né pour nous! L'Evangile est né.
       Ne crains pas, petit troupeau! Sois avec courage, fermeté, joie, enthousiasme, optimisme, vision, lumière dans les ténèbres de ces jours, sois porteur de l'appel de Jèsus-Evangile qui t'est adressé: Sois lumière! Sois sel! Sois levain!
 
Ne dis pas: je suis trop jeune
 
       Quand le peuple d'Israël était devant le plus grand obstacle de son histoire, Dieu n'a pas envoyé les grands et les honorables de ce monde pour le sauver, mais un jeune appelé Jérémie. Jérémie a senti qu'il était inapte pour cette mission, et il cria: "Ah! Seigneur Yahweh, voici, je ne sais pas parler, car je suis trop jeune!" (Jérémie 1, 6). Mais Dieu n'a pas changé. Il lui a dit: "Ne dis pas: je suis trop jeune, car vers tous ceux à qui je t'enverrai tu iras, et tout ce que je t'ordonnerai tu le diras" (Jérémie 1, 7).
 
 
       Appel aux jeunes
 
       Je voudrais adresser un appel spécial aux jeunes de notre Eglise Grecque-Melkite Catholique, pour démontrer l'importance du port de l'annonce de l'Evangile, et cela à la lumière de la parole de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, qu'il a adressée aux jeunes lors de sa visite au Liban,  le 15 septembre 2012:
       "Chers amis, vous vivez aujourd'hui dans cette partie du monde qui a vu la naissance de Jésus et le développement du christianisme. C'est un grand honneur! Et c'est un appel à la fidélité, à l'amour de votre région et surtout à être des témoins et des messagers de la joie du Christ, (...).
       "Vous avez une place privilégiée dans mon cœur et dans l'Eglise tout entière car l'Eglise est toujours jeune! L'Eglise vous fait confiance. Elle compte sur vous. Soyez jeunes dans l'Eglise! Soyez jeunes avec l'Eglise! L'Eglise a besoin de votre enthousiasme et de votre créativité!"
       Je trouve un écho à cet appel du Saint Père dans le slogan que j'aime à répéter devant les jeunes: "Une Eglise sans jeunes est une Eglise sans avenir. Des jeunes sans Eglise, ce sont des jeunes sans avenir".
       Il y a un testament spécial du Pape pour les jeunes, avant sa renonciation, dans son message à l'occasion de la vingt-huitième Journée Mondiale de la Jeunesse qui sera célébrée cet été à Rio de Janeiro (Brésil). Il leur dit: "Faire connaître le Christ est le don le plus précieux que vous pouvez faire aux autres".        Il ajoute, citant l'appel aux jeunes de Paul VI à la fin du Concile Vatican II (8 décembre 1965): "C'est vous qui allez recueillir le flambeau des mains de vos aînés".
       Benoît XVI écrit ensuite: "On ne peut être un croyant véritable sans évangéliser" (...). Vous devez connaître votre foi avec la même précision avec laquelle un spécialiste en informatique connaît le système d'exploitation d'un ordinateur" (...).
       "Evangéliser, c'est porter à d'autres la Bonne Nouvelle du salut et cette Bonne Nouvelle est une personne: Jésus-Christ" (...).
              "Le Christ a aussi besoin de vous" (...). C'est à vous, jeunes, qui vous trouvez presque spontanément en syntonie avec ces nouveaux moyens de communication, qu'incombe, en particulier, la tâche de l'Evangélisation de ce continent digital".
 
La joie de l'Annonce
 
       Les Lineamenta du Synode sur la Nouvelle Evangélisation pour la tranmsmission de la foi chrétienne appellent à l'enthousiasme dans l'annonce de l'Evangile. Nous y lisons au n° 25:
       "C'est pourquoi nous devons affronter la nouvelle évangélisation avec enthousiasme. Apprenons la joie douce et réconfortante d'évangéliser, aussi lorsque l'annonce semble ne semer que des larmes (cf. Psaume 126, 6). «Que ce soit pour nous – comme pour Jean-Baptiste, pour Pierre et Paul, pour les autres Apôtres, pour une multitude d'admirables évangélisateurs tout au long de l'histoire de l'Eglise – un élan intérieur que personne ni rien ne saurait éteindre. Que ce soit la grande joie de nos vies données. Et que le monde de notre temps qui cherche, tantôt dans l'angoisse, tantôt dans l'espérance, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d'évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l'Evangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçu en eux la joie du Christ, et qui acceptent de jouer leur vie pour que le Royaume soit annoncé et l'Eglise implantée au cœur du monde» (Paul VI, Exhortation Apostolique Evangelii nuntiandi, 8 décembre 1975, n° 80).
 
 
 
 
Paix à vous
 
       "Paix à vous!" C'est la salutation du Christ, ressuscité d'entre les morts, adressée à ses disciples en proie au doute, se cachant, quand Il entra au Cénacle alors que les portes étaient fermées. C'est la situation des citoyens, notamment des chrétiens, en ces jours difficiles, surtout en Syrie, mais aussi au Liban, en Palestine, en Jordanie, en Egypte et en Irak. Leur souffrance est dure et amère, et cela en Syrie depuis deux ans. Ils ont peur pour leur vie, leurs familles, leur travail, l'éducation de leurs enfants. Ils sont perplexes au sujet de leur avenir.
       Le Christ ressuscité les réconforte, comme Il a réconforté ses disciples. De plus, Il nous donne une mission, Il trace notre rôle historique, en nous disant: "Allez... proclamez l'Evangile".
       "Paix à vous!": cette salutation fut le leit-motiv de la visite de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI au Liban. Après cette visite, la dernière de son court pontificat, il n'a cessé de parler de notre Orient arabe, surtout de la Syrie, de la paix dans la région et du rôle historique, unique et distingué des chrétiens, de leur devoir d'être présents, témoins des valeurs de l'Evangile, lumière, sel et levain.
       Nous avons écrit la dernière partie de cette lettre après la déclaration de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, le 11 février, annonçant sa décision de renoncer à son ministère pétrinien d'Evêque de Rome et successeur de Saint Pierre comme Pape de l'Eglise Catholique. Je voudrais remercier le Pape Benoît XVI pour le testament qu'il a laissé à nous les chrétiens du Moyen-Orient, en convoquant le Synode spécial d'octobre 2010 et en nous visitant au Liban en septembre 2012. Disons que, à travers le Liban, il visita nos patries, qui sont le berceau du christianisme, et nos Eglises, en nous donnant l'Exhortation Apostolique Post-Synodale Ecclesia in Medio Oriente sur notre communion et notre témoignage. Pour les jeunes, il nous livra aussi le résumé du catéchisme catholique, YouCat.
       Nous remercions Sa Sainteté du fond du cœur pour sa sollicitude envers le Moyen-Orient chrétien, pour sa solidarité avec les situations de nos pays arabes, surtout la Syrie. En signe de reconnaissance, nous citerons en annexe les passages les plus importants de ce qu'il a dit au sujet de la Syrie.
       Voici un extrait de l'interview donnée aux journalistes qui étaient dans l'avion se dirigeant vers le Liban, le 14 septembre 2012 (en réponse à une question posée, au nom des journalistes, par le R.P. Federico Lombardi, S.J., directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège):
       "Je dois dire, avant tout, que non seulement les chrétiens fuient, mais aussi les musulmans. Naturellement, le danger que les chrétiens s'éloignent et ne soient plus présents sur ces terres est grand, et nous devons faire tout notre possible pour les aider à rester. L'aide essentielle serait la cessation de la guerre, de la violence: celle-ci crée la fuite. Donc la première chose est de faire tout ce qui est possible pour que finisse la violence et que soit réellement créée une possibilité de rester ensemble aussi dans l'avenir. Que pouvons-nous faire contre la guerre? Nous disons, naturellement, répandre toujours le message de la paix, rendre clair que la violence ne résout jamais un problème et consolider les forces de la paix. Ici est important le travail des journalistes, qui peuvent beaucoup aider à montrer comment la violence détruit, ne construit pas, n'est utile à personne. Ensuite, je dirais peut-être des gestes du peuple chrétien, des jours de prière pour le Moyen-Orient, pour les chrétiens et les musulmans, et montrer la possibilité de dialogue et de solutions. Je dirais aussi que doit enfin cesser l'importation des armes: parce que, sans l'importation des armes, la guerre ne pourrait continuer. Au lieu d'importer les armes, qui est un péché grave, nous devrions importer des idées de paix, de créativité, trouver des solutions pour accepter chacun dans son altérité; nous devons donc rendre visibles dans le monde le respect des religions les unes vis-à-vis des autres, le respect de l'homme comme créature de Dieu, l'amour du prochain comme fondamental pour toutes les religions. En ce sens, avec tous les gestes possibles, avec les aides matérielles aussi, aider pour que cessent la guerre, la violence, et que tous puissent reconstruire le pays".

Souhaits
 
       A travers cette longue lettre au sujet de l'Evangile, j'adresse mes vœux les plus cordiaux à mes frères dans l'Episcopat, les Hiérarques dans le monde entier, aux Supérieurs généraux et aux Supérieures générales de nos congrégations de vie consacrée, aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et à tous les fidèles.
       Nous prions le Sauveur, ressuscité d'entre les morts, afin que, de même que son Chemin de Croix se termine par la Résurrection, ainsi puisse la Via Crucis douloureuse, sanglante et tragique du monde arabe se terminer aussi par la Résurrection, surtout en Syrie et dans les pays affectés par la crise, comme le Liban, la Jordanie, la Palestine et l'Irak, ainsi que dans les autres pays arabes qui en souffrent, ou qui causent de la souffrance aux autres pays.
       Nous réitérons notre appel au Saint-Siège Apostolique de Rome et aux pays du monde entier afin qu'ils œuvrent pour arrêter l'effusion du sang syrien. Il y a eu assez de souffrance! Il y a eu assez de tragédies, de douleurs, de violence, de terrorisme, de trafic d'armes, de fondamentalisme, de commerce aux dépens de la vie de l'homme, de sa dignité, de son pain quotidien, de sa sécurité!
       Le monde a besoin de l'annonce de l'Evangile, de l'Evangile de la Résurrection et de la vie.
       Du fond de notre souffrance, nous chantons l'hymne de la Résurrection:
       Le Christ est ressuscité des morts, par la mort Il a vaincu la mort, et Il a donné la vie à ceux qui sont dans les tombeaux!
      
 

                                                               + Gregorios III
                                                                Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient,
                                                                d'Alexandrie et de Jérusalem

 
 

 

 

Annexe
Appels de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI
à la paix et au dialogue en Syrie

 
Accueil de l'Ambassadeur de Syrie près le Saint-Siège, S.E. M. Makram Obeid(14 décembre 2006)
 
       As you have indicated, Syria from ancient times has witnessed a great flowering of civilizations and religions. Your capital city, Damascus, is dear to Christians as the site of Saint Paul's baptism, following his dramatic experience of conversion during his journey there. And many great saints have led lives of exemplary holiness on Syrian soil. For centuries now, there have been harmonious relations between the Christian and Muslim communities in your country. Syria, then, is uniquely placed to offer to the world an example of peaceful coexistence and tolerance between the followers of different religions. In this regard, I can assure you of the support of the Holy See for the efforts your Government has made both at home and abroad to promote dialogue between religions and cultures. As I recently had occasion to reaffirm, "all people are linked by profound solidarity with one another, and must be encouraged to assert their historical and cultural differences not for the sake of confrontation, but in order to foster mutual respect" (Address to the Diplomatic Corps, Ankara, 28 November 2006). (...)
       The scourge of terrorism increases the fear and insecurity experienced by so many in the region today (cf. Message for the 2006 World Day of Peace, 9) and in this regard, I am glad to note your words about the Syrian Government's commitment to counter this growing threat to peace and stability. The world looks especially to countries with significant influence in the Middle East in the hopeful expectation of signs of progress towards the resolution of these long-standing conflicts.
        The Catholic community in Syria, as you know, is eager to play its part in national life, in cooperation with fellow Christians from the various Eastern Churches represented there. Your country is certainly fertile ground for progress in ecumenical relations between the followers of Christ and I would like to pledge the continued support of the Catholic Church for this important work. (...) I particularly appreciate the recent legislation implemented by the Syrian Government to recognize the juridical status of the Catholic Churches present in your country, in accordance with the norms of canon law. This step augurs well for a future of growing reciprocal understanding between the members of different Churches and different religions in Syria. Moreover, it sets the sacene for increasing cooperation between the Church and the Government, that should facilitate the discovery of a solution to differences, such as the question of Church property taken over by the State. It is a sign of real maturity in relations when such matters can be discussed with openness, honesty and mutual respect.
 
Appel, après la prière du Regina Caeli(15 mai 2011)
 
       Ma pensée va aussi à la Syrie, où il est urgent de rétablir une coexistence basée sur la concorde et l'unité. Je demande à Dieu qu'il n'y ait plus d'effusion de sang dans cette patrie de grandes religions et civilisations, et j'invite les autorités et tous les citoyens à n'épargner aucun effort dans la recherche du bien commun et dans l'accueil des aspirations légitimes à un avenir de paix et de stabilité.
 
Discours au nouvel Ambassadeur de la Syrie près le Saint-Siège, S.E. M. Hussam Eddin Aala(9 juin 2011)
 
       Comme vous l'avez signalé, Monsieur l'Ambassadeur, la Syrie est un lieu cher et significatif pour les chrétiens, dès les origines de l'Eglise. Depuis la rencontre du Christ ressuscité, sur le chemin de Damas, avec Paul qui deviendra l'Apôtre des Nations, nombreux sont les grands saints qui ont jalonné l'histoire religieuse de votre pays. Nombreux sont aussi les témoignages archéologiques d'églises, de monastères, de mosaïques des premiers siècles de l'ère chrétienne qui nous rattachent aux origines de l'Eglise. La Syrie a traditionnellement été un exemple de tolérance, de convivialité et de relations harmonieises entre chrétiens et musulmans, et aujourd'hui les relations œcuméniques et interreligieuses sont bonnes. Je souhaite vivement que cette convivialité entre toutes les composantes culturelles et religieuses de la Nation se poursuive et se développe pour le plus grand bien de tous, renforçant ainsi une unité fondée sur la justice et la solidarité. (...)
       Les événements intervenus au cours des derniers mois dans certains pays du pourtour de la Méditerranée, dont la Syrie, manifestent le désir d'un avenir meilleur dans les domaines  de l'économie, de la justice, de la liberté et de la participation à la vie publique. Ces événements montrent aussi l'urgente nécessité de véritables réformes dans la vie politique, économique et sociale. Toutefois, il est hautement souhaitable que ces évolutions ne se réalisent pas en termes d'intolérance, de discrimination ou de conflit, et encore moins de violence, mais en termes de respect absolu de la vérité, de la coexistence. des droits légitimes des personnes et des collectivités, ainsi que de la réconciliation. De tels principes doivent guider les Autorités, tout en tenant compte des aspirations de la société civile ainsi que des instances internationales.
       Monsieur l'Ambassadeur, il me plaît de souligner ici le rôle positif des chrétiens dans votre pays, qui comme citoyens sont engagés dans la construction d'une société où tous doivent trouver leur place. Je ne puis omettre de mentionner le service rendu par l'Eglise catholique dans le domaine social et éducatif, qui est apprécié par tous. Permettez-moi de saluer tout particulièrement les fidèles des communautés catholiques, avec leurs Evêques, et de les encourager à développer des liens de fraternité avec tous. Les relations vécues quotidiennement avec leurs compatriotes musulmans mettent en lumière l'importance du dialogue interreligieux et la possibilité de travailler ensemble, de bien des manières, en vue du bien commun. Que l'élan donné par la récente Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques porte un fruit abondant dans votre pays, au bénéfice de toute la population et d'une authentique réconciliation entre les peuples! (...)
       Ainsi, la situation que connaît le Moyen-Orient depuis de nombreuses années vous a-t-elle conduits à accueillir un grand nombre de réfugiés, venant surtout d'Irak, et parmi eux de nombreux chrétiens. Je remercie vivement le peuple syrien de sa générosité.
 
Appel à l'issue de la prière de l'Angelus, à Castel Gandolfo(7 août 2011)
 
       Je suis avec une vive préoccupation les dramatiques et croissants épisodes de violence en Syrie, qui ont provoqué de nombreuses victimes et de graves souffrances. J'invite les fidèles catholiques à prier, afin que l'effort pour la réconciliation prévale sur la division et sur la rancœur. Je renouvelle en outre aux autorités et à la population syriennes un appel pressant, afin de rétablir aussi vite que possible la coexistence pacifique et de répondre de manière adéquate aux aspiratrions légitimes des citoyens, dans le respect de leur dignité et pour le bien de la stabilité dans la région.
 
Discours à l'occasion de la présentation des vœux du Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège(9 janvier 2012)
 
        J'éprouve une grande préoccupation pour les populations des pays dans lesquels se poursuiventr tensions et violences, en particulier la Syrie, où je souhaite une rapide fin des effusions de sang et le commencement d'un dialogue fructueux entre les acteurs politiques, favorisé par la présence d'observateurs indépendants.
 
Appel, à l'issue de la prière de l'Angelus(12 février 2012)
 
       Je suis avec beaucoup d'appréhension les épisodes dramatiques et croissants de violence en Syrie. Au cours des derniers jours, ils ont provoqué de nombreuses victimes. Je rappelle dans la prière les victimes, parmi lesquelles on compte également des enfants, les blessés et tous ceux qui souffrent des conséquences d'un conflit toujours plus préoccupant. Je renouvelle en outre mon appel pressant à mettre fin à la violence et à l'effusion de sang. Enfin, j'invite chacun – et avant tout les autorités politiques de Syrie – à privilégier la voie du  dialogue, de la réconciliation et de l'engagement pour la paix. Il est  urgent de répondre aux aspirations légitimes des différentes composantes du pays, ainsi qu'aux souhaits de la communauté internationale, préoccupée par le bien commun de la société tout entière et de la région.
 
Message pascal "Urbi et orbi"(8 avril 2012)
 
       Puisse le Christ ressuscité donner espérance au Moyen-Orient, afin que toutes les composantes ethniques, culturelles et religieuses de cette région collaborent pour le bien commun et le respect des doits humains. En Syrie, particulièrement, que cesse l'effusion de sang et que soit entrepris sans délai le chemin du respect, du dialogue et de la réconciliation, comme le souhaite la communauté internationale. Que les nombreux réfugiés, provenant de ce pays et ayant besoin d'aide humanitaire, trouvent l'accueil et la solidarité qui puissent soulager leurs pénibles souffrances.
 
Appel à l'issue de la prière de l'Angelus, à Castel Gandolfo(29 juillet 2012)
 
       Je continue à suivre avec appréhension les épisodes tragiques et croissants de violence en Syrie avec leur triste cortège de morts et de blessés y compris parmi les civils, et un nombre considérable de personnes déplacées à l'intérieur du pays et de réfugiés dans les pays voisins. Pour ceux-ci, je demande que soient garanties l'assistance humanitaire nécessaire et l'aide solidaire. En rappelant aux populations souffrantes ma proximité et l'assurance de ma prière, je renouvelle un appel pressant, afin que l'on mette fin à toute violence et à toute effusion de sang. Je demande à Dieu la sagesse du cœur, en particulier pour ceux qui ont le plus de responsabilités, afin qu'aucun effort ne soit épargné pour chercher la paix, y compris de la part de la communauté internationale, à travers le dialogue et la réconciliation, en vue d'une solution politique adaptée au conflit.
 
Rencontre avec les journalistes au cours du vol vers le Liban(14 septembre 2012) (en réponse à une  question posse, de la part de plusieurs journalistes, par le Père Federico Lombardi, S.J., Directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège:)
       Je dirais que nous devons influer sur l'opinion politique et sur les hommes politiques pour qu'on s'engage réellement, avec toutes les forces, toutes les possibilités, avec une vraie créativité, pour la paix, contre la violence. Personne ne devrait attendre de la violdence des avantages, tous doivent apporter leur contribution. En ce sens, un travail d'avertissement, d'éducation, de purification est très nécessaire de notre part. En outre, nos organisations caritatives devraient aussi aider matériellement et faire tout ce qui est possible. Nous avons des organisations comme les Chevaliers du Saint-Sépulcre, en soi pour la Terre Sainte, mais des organisations similaires pourraient aussi aider sur le plan matériel, politique et humain dans ces pays. Une fois encore, je dirais que des gestes visibles de solidarité, des journées de prière publique, des choses similaires peuvent attirer l'attention de l'opinion publique, en être de réels facteurs. Nous sommes convaincus que la prière a un effet; si elle est faite avec beaucoup de confiance et de foi, elle aura son effet.
 
Rencontre avec les jeunes, Esplanade du Patriarcat Maronite, à Bkerké(15 septembre 2012)
 
       J'ai appris également qu'il y a parmi nous des jeunes venus de Syrie. Je veux vous dire combien j'admire votre courage. Dites chez vous, à vos familles et à vos amis, que le Pape ne vous oublie pas. Dites autour de vous que le Pape est triste à cause de vos souffrances et de vos deuils. Il n'oubloie pas la Syrie dans ses prières et ses préoccupations. Il n'oublie pas les Moyen-Orientaux qui souffrent. Il est temps que musulmans et chrétiens s'unissent pour mettre fin à la violence et aux guerres.
 
Appel, avant la prière de l'Angelus, à Beyrouth(16 septembre 2012)
 
       Chers Frères et Sœurs, tournons-nous maintenant vers Marie, Notre Dame du Liban, autour de laquelle se retrouvent les chrétiens et les musulmans. Demandons-lui d'intercéder auprès de son divin Fils pour vous et, plus particulièrement, pour les habitants de la Syrie et des pays voisins, implorant le don de la paix. Vous connaissez bien la tragédie des conflits et de la violence qui génère tant de souffrances. Malheureusement, le bruit des armes continue de se faire entendre, ainsi que le cri des veuves et des orphelins! La violence et la haine envahissent les vies, et les femmes et les enfants en sont les premières victimes. Pourquoi tant d'horreurs? Pourquoi tant de morts? J'en appelle à la communauté internationale! J'en appelle aux pays arabes afin qu'en frères ils proposent des solutions viables qui respectent la dignité de chaque personne humaine, ses droits et sa religion! Qui veut construire la paix doit cesser de voir dans l'autre un mal à éliminer. Il n'est pas facile de voir dans l'autre une personne à respecter et à aimer, et pourtant il le faut, si on désire construire la paix, si on veut la fraternité (cf. 1 Jean 2, 10-11; 1 Pierre 3, 8-12). Puisse Dieu concéder à votre pays, à la Syrie et au Moyen-Orient le don de la paix des cœurs, le silence des armes et l'arrêt de toute violence! Puissent les hommes comprendre qu'ils sont tous frères! Marie, qui est notre Mère, comprend notre souci et nos besoins. Avec les Patriarches et les Evêques présents, je place le Moyen-Orient sous sa protection maternelle. Puissions-nous, avec l'aide de Dieu, nous convertir pour travailler avec ardeur à l'établissement de la paix, nécessaire pour une vie harmonieuse entre frères, quelles que soient les origines et les convictions religieuses!
 
Message de Noël "Urbi et orbi"(25 décembre 2012)
 
       La vérité a germé, portant amour, justice et paix. Oui, que la paix germe pour la population syrienne, profondément blessée et divisée par un conflit qui n'épargne pas même les personnes sans défense et fauche des victimes innocentes. Encore une fois, je fais appel pour que cesse l'effusion de sang, que soient facilités les secours aux personnes déplacées et aux réfugiés et que, par le dialogue., soit recherchée une solution politique au conflit.
 
Discours à l'occasion de la présentation des vœux du Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège(7 janvier 2013)
 
       C'est avant tout aux Autorités civiles et politiques qu'incombe la grave responsabilité d'œuvrer pour la paix. Elles sont les premières à être appeléesà résoudre les nombreux conflits qui continuent d'ensenglanter l'humanité, à commencer par cette région privilégiée dans le dessein de Dieu qu'est le Moyen-Orient. Je pense d'abord à la Syrie, déchirée par des massacres incessants et théâtre d'effroyables souffrances parmi la population civile. Je renouvelle mon appel afin que les armes soient déposées et que prévale le plus tôt possible un dialogue constructif pour mettre fin à un conflit qui ne connaîtra pas de vainqueurs, mais seulement des vaincus, s'il perdure, ne laissant derrière lui qu'un champ de ruines. Permettez-moi, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, de vous demander de continuer à sensibiliser vos Autorités, afin que soient fournies de façon urgente les aides indispensables pour affronter la grave situation humanitaire.

 

 
       Au cours de la réunion du groupe "Amis du Peuple Syrien", à Istanbul, le 1er  avril 2012, S.E.R. Mgr Michael Louis Fitzgerald, Nonce Apostolique en Egypte et Délégué du Saint-Siège auprès de la Ligue des Etats Arabes, présent en qualité d'observateur, prononça une brève intervention dans laquelle il déclara notamment:
 
       Since the meeting of Tunis a ray of hope has come from the mission entrusted by the United Nations and the League of Arab States to former Secretary General of the United Nations Kofi Anan. This mission can build on Syria's long history of peaceful coexistence among her diverse religious and ethnic communities. Syrians share the same common values of dignity and justice for all regardless of creed or ethnicity. It is important therefore that the Syrian people should not lose sight of this heritage in trying to satisfy the legitimate aspirations of the different members of the nation. In this context respect for all places of worship takes on great significance.